"Eurovélo 6" : Rhin et Danube

Jour 1

Encore une journée sur les routes européennes. Dès le matin je retourne côté helvétique pour reprendre l'Eurovélo 6. En gros deux vélo-routes suivent le Rhin : la 6 côté Suisse et la 15 côté Allemagne. Après seulement une dizaine de kilomètres je rencontre un aimable monsieur ex-autostopeur suisse. Il me dit que l’Eurovélo 6 est pourrie et qu'il vaut mieux retourner en Allemagne pour suivre de l'autre côté. Il m'a même escorté jusqu'à la frontière. J'ai rien mangé de la journée et mon ventre me réclame des calories. Tout ce que je peux lui offrir ce sont les quelques pommes ramassées. Comme il n'y avait pas de clôture, je me suis servi. La route passe par de pittoresques villages et je décide de retourné en Suisse, juste pour avoir le cœur net. Le monsieur n'avait pas menti. La piste cyclable s'est transformée en chemin de halage et des fois je dois côtoyer les automobilistes suisses. Une centaine de kilomètres pour arriver enfin au clou du spectacle, Rheinfall - les chutes du Rhin. Un spectacle envoûtant, presque hypnotisant. J'ai du mal à décrocher, mais le jour s'en va doucement et je dois trouver un camping, chose pas facile en Suisse. Même s'il y en a beaucoup, ils sont mal indiqués et presque inconnus par les locaux, "presque" et heureusement. Ce soir je me fait plaisir au restaurant du camping. Au menu une soupe (bouillon de boeuf) avec des espèces de pâtes et comme plat un truc dont je n'ai pas retenu le nom: patates, courgettes et fromage, tout ça sous forme de crêpe. Je dois recharger les batteries pour demain car elle s'avère être assez difficile avec une belle ascension.

Laufenburg allemand

Laufenburg suisse

Les chutes du Rhin

Schaffhausen - le château

Stein-am-Rhein

Jour 2

Dès les premiers kilomètres je quitte définitivement la Suisse. Je serai un citoyen allemand pour un petit moment. Je remonte le Rhin jusqu'à sa source, le lac Constance ou Bodensee pour les locaux. On en voit une infime partie car le lac est immense et d'une forme étrange. Depuis deux jours je carbure aux pommes et j'en ai marre. Encore ce matin j'en ai mangé trois. Il est temps pour un vrai petit-déjeuner. Je m'arrête à Randolfzell dans une boulangerie pour un butterbrezel et un nussstange (feuilleté avec une crème au noix), pas mauvais tout ça.

Le lac Bodensee

Prochaine destination - le Danube (Donau en allemand), mais pour ceci il faut gravir un petit col - fastoche surtout avec des sacoches. De l'autre côté je retrouve le Danube dans son plus jeune âge, ressemblant plus à une mare qu'à un grand fleuve européen. Je n'aurais qu'à le suivre jusqu'à la Bulgarie pour voir comment il va grandir, vieillir et enfin mourir dans la Mer Noire. La première partie du parcours est une des plus belles de l'Eurovélo 6. La vallée est jonchée de bois, de falaises et d'authentiques villages. Au bout de 50km j'arrive dans la superbe ville de Sigmaringen. Un beau château est posé sur sa roche au milieu de la ville et demain je compte le visiter.

Le jeune Danube

La vallée du Danube

Village au bord du gouffre

La vallée du Danube

Tour de garde

Sigmaringen

Sigmaringen - le château

Jour 3

Je pars de bon matin pour cette nouvelle journée. Il fait assez frais mais je résiste,... pendant 15 minutes, j'enfile enfin les gants et le pantalon. À coups de lacets, la piste cyclable me fait gambader d'une rive à une autre et ainsi par chaque village danubien. Mais ceux-là, je dois l'avouer, ont perdu leur charme. Ils sont plus ordinaires, exception fait Ehingen. Les kilomètres défilent et j'arrive à Ulm et son Hôtel de Ville joliment décoré et sa gigantesque cathédrale qui abrite un des plus gros clocher au monde. Pour 10 minutes j'ai raté la dernière possibilité de monter voir le bébé de bronze. Revenons à ma survie, je dois trouver un camping. À l'Office de tourisme me déclarent qu'il n'y a aucun camping officiel dans la région. Qu'est-ce que ça doit vouloir dire? Sur le plan, effectivement pas de campings. Soucieuse de répondre à ma question, la dame va fouiller dans un placard et me sort un dépliant qui parle d'une ferme-camping. J'ai pas le choix, j'y vais. Bon, pour être franc, c'est un vrai camping avec une vingtaine de visiteurs. La dame de la réception n'est pas surprise d'apprendre que son camping n'est même pas répertorié, elle est même étonnée de voir mon dépliant. Je comprends pas tout et j'abandonne. En route j'ai récupéré dans un champ un peu de maïs que je vais essayer de préparer à l'eau. Le bois est un peu humide, mais le feu prend. Au bout de 30 minutes je suis à court de bois et le maïs dans l'eau bouillante est toujours dur comme du roc. Je le finis sur les braises mais il ne veut pas céder. J'ai eu quelques popcorns. J'ai encore beaucoup à apprendre, mais jusqu'à là je vais me contenter des quelques restes de mon dîner d'hier.

Un selfy

Ulm - Münster

Jour 4

Ça a été une dure nuit pour le cycliste. Il a fait froid et humide et j'ai senti les limites de mon duvet. Heureusement le matin est arrivé, comme tous les jours, et avec lui le soleil. Session de séchage de la tente et un bon petit-déjeuner en bronzant. Les premiers kilomètres sont un plaisir mais le vent vient se mêler à l'affaire. On ne remarque le vent que quand il est de face. L'avancement devient de plus en plus pénible mais le beau soleil me donne du courage. Je viens d'y penser, depuis mon départ il a plu une seule fois, le premier jour à Paris. Martyrisé par le vent, j'arrive tant bien que mal à ma destination - Ingolstadt. Le "camping" est introuvable, comme d'habitude, et personne ne connaît son existence. Je décide alors d'aller me reposer dans un hôtel. Je ne sais pas ce qui se passe dans cette ville, mais les 4 premiers hôtels m'annoncent "Full booking". Jamais vu ça. Je sors du centre ville et toujours la même histoire. Un hôtel bon-marché, le 4-étoiles, quelques 3-étoiles, tous sont complets. Je vais pas dormir dehors quand-même. Le 9ème hôtel est le bon. Je prends la dernière chambre - la triple. Ce soir je me repose dans un lit confortable afin de soigner le méchant torticolis chopé la veille.