Jour 1
La route vers le sud continue. Aujourd'hui c'est une étape tranquille dans la campagne hongroise. L'Europe de l'est approche à grands pas et cela se sent surtout dans l'état des routes. Les hongrois ont complètement déconné avec la piste cyclable (voir les 2 photos). J'ai vu qu'il s'agit d'un chemin provisoire, depuis 2013. Au moins je travaille ma dextérité et mon agilité. Rester dans un sillon de 10cm à 18km/h n'est pas une mince affaire. Laissons la route de côté, j'ai fait les 40 derniers kilomètres avec un couple de cyclos français qui a tout lâché et depuis fin juin ils depoussièrent les routes européennes. Leur vélo, un tandem mixte - le garçon en position normale est aux commandes, et la fille couchée devant profite du voyage. Elle a des pédales, mais j'ai remarqué qu'elle n'a pas encore trouvé l'usage de ces objets bizarres qui tournent. Je plaisante bien-sûr. Quand ils se mettent à fond, ils arrivent à 40 à l'heure alors que moi je galère à 35.
En discutant les kilomètres passent vite et on se retrouve à Baja à une vingtaine de bornes de la frontière serbe. Il ne reste pas beaucoup de place dans le camping car l'armée hongroise l'a réquisitionné certainement pour lutter contre la vague de réfugiés qui arrive de la Serbie. J'ai lu dans les journaux que pas mal de frontières sont fermées et j'avoue cela m'inquiète un peu. Demain matin je vais essayer de me renseigner auprès des soldats.
 |
La vélo-route |
 |
Il faut suivre |
 |
Le centre-ville de Baja |
Jour 2
Apparemment la frontière entre la Hongrie et la Serbie à Hercegszántó est ouverte. La piste suit le Danube sur une digue dont les seuls usagers sont les vélo, les chasseurs en 4x4 et des pêcheurs en mobylettes. Le soleil tape bien, même un nuage a craché sur moi pendant 10 minutes. J'avais oublié comment la pluie peut être agréable. Au niveau de Mohács, j'ai le choix de passer sur l'autre rive et puis de traverser la frontière croate ou rester sur la rive gauche et entrer directement en Serbie. Je continue ma route jusqu'à la frontière, c'est tellement agréable que j'avale les 60km d'une bouchée. Frontière ouverte, confirmation, et personne en vue. Quelques voitures, un car et 2 vélos. J'avoue, je suis content de quitter la Hongrie. Le courant n'est pas passé avec les Huns d'Attila.
La première grande ville en Serbie est Sombor. Sur la place centrale je suis reçu par un orchestre. Des trompettes et des batteries jouent des rythmes des Balkans. La mariée ne tarde pas à arriver. Je me sens comme chez moi. La vélo-route est très bien indiqué et la suivre est un jeu d'enfant. Je continue sur le Danube la frontière entre la Serbie et la Croatie. Les 2 premiers ponts servants de passage sont fermés par les flics. Peut-être j'ai eu de la chance dans ce jeu de passe-passe géopolitique. J'arrive finalement au "camping" à Bogojevo. En fait je ne sais pas comment qualifier cet endroit, sauf "à éviter". Le gérant est sympa mais le nouveau hygiéniques des sanitaires est médiocre. L'eau courante a une odeur infecte. Je prends une douche quand même mais pour me brosser les dents je m'achète de l'eau minérale. Comme le camping est à 2 kilomètres de la ville je marche tranquillement sur la route, la nuit commence à tomber. À côté de moi s'arrête une voiture. Une famille que j'ai croisé au supermarché. Le père : " Gud naït (avec l'accent). Sirya? Afghanistan? ". Et moi : " Bylgaria "... Des rires amusés sortent de la voiture en accélérant. L'enfoiré, il m'a même pas proposé de me déposé. Mais je rigole, j'ai une tête d'afghan.
 |
Sombor |
 |
Sombor |
Jour 3
L'étape du jour doit m'emmener à Novi Sad. La journée commence sous un ciel garni de nuages. Je suis prudemment les départementales, en fait l'Eurovélo 6 en Serbie n'a pas beaucoup de pistes mais les panneaux indicateurs sont présents pour autant. Sur 50km je croise pas plus de 10 voitures: des Yugo, des Zastava, des Golf 1 et quelques tracteurs. À midi, l'automne fâché vient se fritter avec l'été paresseux. La bagarre dure toute la journée et moi simple spectateur, je me prends de la pluie et du soleil en pleine tronche. Finalement c'est l'automne qui l'importe. Le soleil ne sort plus de sa cachette et le ciel crache de temps en temps. D'ailleurs j'ai remarqué qu'on est dimanche et tout est ouvert, j'adore les Balkans. Les 40 derniers kilomètres sont plus chargés mais les conducteurs restent assez prudents.
J'arrive à Novi Sad sans trop forcer et, en plein centre-ville alors que je profite du Wi-Fi gratuit, je tombe sur un cycliste français. Un marginal qui a tout quitté avec une tente, quelques vêtements et son chien dans le chariot. Il vit de sa musique et de la bonté des gens. Souvent en camping sauvage ou chez l'habitant, il compte repartir vers le l'Italie et l'Espagne pour passer l'hiver. Je trouve une auberge de jeunesse pas loin de la place centrale pour un prix plus que raisonnable et je profite de l'après-midi pour faire un grand tour de la ville.
L'"Athènes serbe" dispose d'un héritage culturel énorme. L'hôtel de ville, la cathédrale, les nombreuses églises et le palais épiscopal font du centre-ville l'endroit idéal pour une promenade. Je visite aussi l'emblème de Novi Sad, la forteresse Petrovaradin. Construite au 18em siècle, sur un emplacement stratégique, elle n'a jamais été prise. Elle est devenue une prison et un de ses plus célèbres locataires est le jeune Tito, enfermé pour propagande pacifiste. Si on jette un coup d'œil à la tour d'horloge, on remarquera que les 2 aiguilles sont inversées. Le gérant de l'auberge m'a dit que ça a été fait exprès pour tromper l'adversaire mais je crois que c'est juste une erreur de montage. Le manuel était en chinois et le pauvre serbe a fait comme il a pu. Je finis la journée avec une "pljeskavica" (hamburger serbe avec une délicieuse viande, mélange d'agneau et de bœuf).
 |
Le palais épiscopal |
 |
La place centrale de Novi Sad |
 |
Dunav |
 |
Novi Sad |
 |
La forteresse Petrovaradin |
 |
Centre-ville de Novi Sad |
 |
Ráckeve |
|
 |
Marketing |
|
 |
Dunapataj |
|
 |
Baja |
|
 |
Le camping militaire |
|
 |
La mairie de Novi Sad |
|
 |
Novi Sad - centre-ville |
|
 |
La forteresse |
|
 |
Tour d'horloge |
|
Tu te rases, des fois ?
RépondreSupprimerSi tu ressembles à un afghan, il va falloir la photo :)
Gros bisous.
Un mois sans me raser, rien de choquant. J'ai fait pire déjà.
Supprimer