"Iran" : Qeshm et Hormuz

Qeshm, Iran 1

Jour 1

Je prends une place sur le bateau pour l'île de Qeshm. Le capitaine veut de l'argent pour le vélo mais je ne me laisse pas faire, j'ai mon ticket. Il insiste, alors je lui demande un ticket spécial pour le vélo. Je suis un touriste, pas un imbécile. Le gars veut juste se faire un peu d'argent gratuit, une autre fois peut-être. Sur le bateau je ne suis pas le seul cycliste, il y a en a encore 6 comme moi, tous des iraniens. Une fois débarqué à Qeshm je remarque l'état salé de Günther. C'était un bateau très rapide et mon vélo s'est pris beaucoup d'eau de mer. Un nettoyage rapide à l'eau douce et je repars pour trouver un hôtel... Cette île est hors de prix... Je tourne mais même la plus merdique des auberges affiche un prix à 15€. Un restaurateur remarque mon désarroi et essaie de m'aider. Quelques coups de fil plus tard il confirme que je ne trouverai pas moins cher. C'est la faute des jours fériés. Après un thé je repars à la recherche. Je croise les cyclos iraniens et je décide de me joindre à eux. C'est une bande d'amis amoureux du vélo. Ils passent les jours fériés sur l'île, tout comme moi. Comme ils connaissent bien les lieux je suivrai leur plan et je serai bien guidé. Nous continuons 15km jusqu'à un village paumé aux portes de la vallée des étoiles. Nous installons les tentes dans une aire de jeux pour enfants. Après un bon dîner dans le resto du village, nous passons la soirée autours d'un chaud et agréable feu. Ce soir dans la vallée un concert a lieu, la nuit appartient aux animaux sauvages.
La bande
Kharbes
La chaleur des flammes

Jour 2

Ce matin réveil à 5h par les ronflements d'un des gars, comme un ours qui attaque un campement d'étudiants. Nous rangeons les tentes et visitons ensuite la vallée des étoiles. Ils disent que le nom vient du fait que la vallée a été formée par de petites météorites, mais je doute fort de cette version de faits.
Nous n'avons rien mangé ce matin et nous cherchons désespérément un supermarché ouvert ce jour férié. Nous continuons sur la route côtière sud avec un bon vent de dos. Le vent soulève, à quelques centimètres de hauteur, de minuscules graines de sable formant de magnifiques courbes. Elles ressemblent à des serpents de sable. Nous coupons ses créatures imaginaires sans remords. Nous arrivons à Shib Deraz d'où nous embarquerons plus tard pour l'île de Hengam. Mais avant ça nous garons les bicyclettes et nous repartons en voiture pour visiter l'île plus rapidement, car le planning du groupe est serré. La plage de Shib Deraz est le lieu préféré des tortues de mer ; en février et mars elles y débarquent pour pondre leurs œufs.
Vallée des étoiles
Vallée des étoiles
La mangrove de Hara est magnifique, une jungle inondée par les marées. Les arbres vivent ainsi plongés dans l'eau salée. Nous prenons un petit bateau pour faire un tour. Vitesse rapide, virages serrés, le voyage à bateau est plus sympa que la forêt elle-même.
La mangrove de Hara
La mangrove de Hara
Le prochain lieu est la vallée Chahkooh, une création de l'eau de pluie creusant dans la roche friable. Il y a de nombreux puits pour se désaltérer, mais je n'ose pas en boire.
La journée s'échappe inexorablement et nous retournons à Shib Deraz pour reprendre le vélo jusqu'au port. Nous embarquons sur un petit bateau où il y a juste la place pour 7 vélo et 7 cyclistes, il faut pas oublier le capitaine aussi.
Vallée Chahkooh
Vallée Chahkooh
Ce soir nous dormons dans un centre de plongée sous-marine. Douche, lit, cuisine, c'est comme un hôtel 5 étoiles comparé à l'aire de jeux. Avant le dîner nous partons pour un tour nocturne en Jeep. La vielle voiture ne veut pas démarrer et il faut lui donner un coup de pousse. Après 10min d'exercices, la machine de la Seconde Guerre décide enfin à se laisser faire. Nous empruntons l'unique route de l'île à la recherche d'animaux sauvages. Nous apercevons 2 gazelles ou quelque chose dans le genre. Ce qui devait arrivé, arrive. La voiture se tait pour la dernière fois. Nous sommes à 5km de la maison et ils appellent une autre voiture pour nous tirer de cette galère. Une aventure à l'iranienne.
D'ailleurs il se trouve que l'histoire du "qui est-ce ?" soit une connerie. On me confirme que c'est juste une similitude phonétique.
Coucher de soleil

Jour 3

Ce matin le groupe se réduit, 2 des amis doivent reprendre le train pour Téhéran. Les autres ont une journée de plus. Nous devons retourner dans la ville principale de l'île d'où ils prendrons le bateau pour Bandar Abbas. Pour fermer la boucle nous traversons l'île jusqu'à la côte nord. L'intérieur de l'île est un désert, le contraste est incroyable. Nous arrivons non sans problèmes à Qeshm. La fatigue et le vent de face a ralenti le groupe. Certains d'entre eux battent  leur record de distance, 65km.
Les 4 iraniens embarquent sur le bateau pour retrouver leur quotidien à Bandar Abbas. Je me retrouve à nouveau seul dans cette ville ultra chère. Les iraniens enchaînent 3 jours fériés et les hôtels affichent complet. Je me dirige vers un parc où je peux camper. Le destin m'offre une rencontre intéressante. Un gars qui parle suffisamment l'anglais et qui travaille comme chauffeur pour les touristes. Farshad connaît tous les hôtels de la ville et les coups de téléphone commencent. Après quelques échecs, il me trouve une super chambre pour un prix acceptable. Il me trouve également un restaurant avec connexion Wi-Fi pour pouvoir organiser la suite de mon voyage.
La traversée de l'île

Jour 4

Je passe la matinée à bâiller sur la plage. Je n'ose pas me mettre en maillot de bains. Personne ne le fait et je ne sais pas si c'est acceptable. Je somnole sur un rocher, caressé par les rayons et le vent.
Je vois beaucoup de tentes dans les parcs, mais aucune dans l'herbe. Ça doit être vraiment interdit, plus que passer au rouge en voiture. Je retourne à l'hôtel pour libérer la chambre, cette nuit ça sera du camping "sauvage". Mes dépenses excessives avec les cyclistes iraniens, m'obligent à échanger à nouveau de l'argent. Le problème c'est que tout est fermé. J'ai juste l'argent pour prendre le bateau pour Bandar Abbas mais mon plan c'est de rejoindre l'île de Hormuz. Je tourne en rond dans la ville et je demande dans chaque boutique. Personne ne veut des $. Le destin ne veut pas m'abandonner et m'envoie mon sauveur. J'entends des klaxons et un " Hello, Edi!". Je reconnais la voiture, c'est la même qui m'a emmené à l'hôtel hier soir. J'explique à Farshad mon problème, et il trouve la solution. Il retire l'argent nécessaire et me l'échange contre un billet vert américain. Je suis à nouveau dans le jeu. Je décide d'aller manger chez le restaurateur qui m'a aidé le premier jour sur l'île. Il se souvient de moi et m'offre la boisson. Dans ce resto il n'y a pas de menu, on y mange ce qu'on sert. Aujourd'hui c'est une omelette au fromage et sauce tomate.
Après le dîner je vais dans le Zaytoon Park, au bord de la plage. Il y a du monde mais peu à peu les gens retournent chez eux. Camper à côté de la mer veut dire du vent. Comme je ne peux pas me mettre dans l'herbe et bien arrimer ma tente je dois attendre pour une bonne place. Cinq clémentines et une grenade plus tard, une place se libère dans une chapelle. J'attache solidement ma tente aux barreaux et je croise les doigts pour qu'elle ne s'envole pas cette nuit.
Avec Farshad

Jour 5

La nuit était horrible. La lumière dans le parc, les familles bruyantes et le vent incessant m'ont empêché de dormir. Aujourd'hui je visite l'île de Hormuz. De Qeshm il n'y a pas 36000 bateau et il faut être à l'heure au port. J'arrive et je trouve une foule devant un grillage fermé. À cause du vent le port est temporairement fermé. Juste après moi arrivent 2 cyclistes chargés de sacoches. Les deux allemands, Patrick 31 ans et Rainer 61ans, pédalent depuis 6 mois. Ils ont commencé en solo mais se sont trouvés en Hongrie. Ils sont partis sans objectif, voulant juste s'échapper et trouver d'autres horizons.
Nous allons à la plage pour glander un peu. L'eau est agréablement fraîche et le soleil si chaud. D'ailleurs il monte haut dans le ciel ce qui nous rappelle qu'il faut retourner au port... Grillage ouvert.
Deux heures plus tard nous embarquons sur un bateau très lent. Soudain j'aperçois au loin un groupe de dauphins sauter dans l'eau. C'est une première pour moi.
Lever de soleil au camping
Nous arrivions sur l'île mais il ne me reste pas beaucoup d'heures de lumière. Je dis adieux à mes amis allemands et je prends la seule route de l'île pour y faire le tour. L'île est magnifique et mérite certainement plus que 2 heures. De gigantesques montagnes de sel recouvertes de sable coloré, des grottes inexplorées, des plages désertes, une nature sauvage, voilà à quoi il faut s'attendre quand on décide de visiter cette île.
Hormuz
Hormuz
L'œil
Montagnes de sel
Je retourne au port pour prendre le bateau pour Bandar Abbas. J'y rencontre Hussein, sa femme, sa fille et son gendre, une famille généreuse et accueillante. Ils parlent tous un anglais plus que suffisant pour mener une conversation intéressante. Ils insistent à m'héberger pour la nuit et je ne peux pas et je ne veux pas refuser.
Au port de Hormuz
Une famille généreuse

Jour 6

J'accumule de la fatigue mais il faut se lever tôt pour aller au port. Aujourd'hui c'est mon dernier jour en Iran. À 7h j'y suis déjà pour acheter ma place pour Dubaï. Coup de théâtre, le départ n'est pas à 9h comme je le pensais mais à 21h. Encore une incompréhension, certainement un problème de "am / pm". J'ai devant moi plus de 10h et je me promène dans la ville à la recherche d'un parc pour faire une sieste. Le voyage vers les émirats sera de nuit et j'espère juste pouvoir récupérer un peu d'énergie précieuse.
Je vagabonde pour faire passer le temps quand un vélo, un cousin éloigné de Günther, s'arrête à côté de moi. C'est Ahmad, un gars de WarmShowers à qui j'ai demandé de m'héberger il y a une semaine, mais malheureusement il n'était pas disponible. Il m'invite dans l'hôtel où il travaille pour un thé et une session de Wi-Fi. Il prépare un tour du monde, avec départ décembre 2016, et je vois quelle galère c'est. Il ne peut rien commander sur internet car il n'a pas de carte bancaire internationale, mais il est motivé et n'abandonnerait pas si facilement.
J'arrive au port et après une rapide vérification des bagages j'accède à la salle d'attente. Je tombe sur un groupe d'Européens. Trois allemands, un auto-stoppeur et un couple voyageant en Volkswagen Transporter comme camping-car, et 2 cyclos parisiens. Salomé et Remi, étudiants à Paris, ont pris une année tranquille. Ils sont partis le 3 septembre, 4 jours après moi, et on se retrouve ici. Cela m'emmerde de savoir qu'il y a des cyclistes plus rapides que moi. Je mène une investigation minutieuse et je découvre la supercherie, leurs vélos ont souvent voyagé en bus, les tricheurs. Je retrouve la bonne humeur et le sourire, je reste le plus rapide.
Après une très longue attente, nous montons sur le bateau, attachons les vélos et prenons place dans la salle. Là commence la vraie attente... Ils nous servent le dîner, le thé... Deux heures plus tard le bateau est toujours si solidement ancré dans le port de Bandar Abbas.
Les lumières s'éteignent, la télé se tait, le bateau fais son premier effort en avant. On peut s'endormir.
Kharbes
La meute
Autour du feu
Vallée des étoiles
Le golf persan
Château portugais
Hormuz
Hormuz
Hormuz
Hormuz
Montagnes de sel
Hormuz


1 commentaire :

  1. Salut Edi, l'Iran semble un pays extraordinaire.
    Bonne continuation et passe un bon Noël dans les émirats que ton mode de voyage va surprendre

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