"Birmanie" : cap vers l'Est

Myawaddy, Birmanie 0

Jour 1

Après cette dérive vers l'ouest je retrouve le bon cap - l'Est. Je reprend la même route mais cette fois j'inspecte l'autre côté. C'est fou comment on peut découvrir des choses différentes seulement en roulant dans l'autre sens. Par exemple le beau village de méditation ou encore le chantier aéronautique ; non je plaisante, c'est juste un gars qui s'acharne sur une carcasse d'avion. Je me demande comment cet avion s'est retrouvé ici.
J'arrive à Bago sans incident et je reprends ma chambre. Aujourd'hui c'est Bago et les temples. Un peu excentré se trouve la pagode Shwe Maw Daw, dont une partie est en rénovation. Elle sera juste repeinte. J'ai vérifié et je m'excuse pour l'imprécision de l'autre jour, un pot de dorure chez Castorama coûte 16,90€. J'arrête les taquineries et je reviens au sujet. Alors que je fais le tour de la pagode, 3 garçons s'approchent et me demandent si j'ai mon ticket. Évidemment que non. Le chef de la meute m'explique que si j'achète un ticket je pourrais aller partout. Partout ??? Je lui réponds que je veux aller sur la Lune comme les américains. Ma remarque reste sans réponse et les gars m'escortent silencieusement vers la sortie suite à mon refus de payer. Tout d'un coup ils se mettent à rigoler. Il leur a fallu 2 minutes pour comprendre ma blague, je suis ravi. D'ailleurs je ne connais même pas le prix du ticket, mais c'est un principe. Il faut mettre un panneau à l'entrée, sinon des gens qui te demandent de l'argent, ça pue l'arnaque.
Ce soir je retente le fruit du jaquier et cette fois-ci il est bien mûr, parfumé et sucré.
Chantier aéronautique
Village de méditation

Jour 2

Je continue mon retour. Toujours la même route, les mêmes villages, les mêmes gamins criant des "Hello". D'ailleurs je remarque que chaque village a sa spécialité - briques, meubles, corbeilles, etc. Dans un village je retrouve de drôles d'objets, comme des ustensiles de cuisine servant à taper sur les maris rentrant bourrés tard le soir. J'ai la chance de voir la réelle utilité de ces objets. Il s'agit d'un nouveau et révolutionnaire système de freinage à main. Les camions et les bus en sont équipés. On les coince sous les roues et la machine ne peut plus s'envoler. Un autre village est spécialisé dans l'arnaque. Tous les vendeurs de jus de canne à sucre affichent des prix comparables à ceux de Yangon. Pour les fruits, le constat est pareil. Je reste fidèle à mes principes, même mourant de soif et de faim, je ne leur donnerais pas un seul centime. Seulement 10km plus loin, les prix redeviennent normaux.
Mille après mille j'arrive à Kyaikto. Première mauvaise nouvelle, l'hôtel de la dernière fois est complet et je dois aller dans un autre, juste à côté. Un peu plus cher et très sale, c'est comme une punition. J'apprends également que l'Attraction touristique est fermée pour rénovation. Il s'agit du Rocher d'Or. Un gros caillou recouvert de feuilles d'or sur lequel on a pondu un temple, et tout ceci en haut d'une colline offrant une magnifique vue sur la jungle. Je reste dans ma chambre à chasser les moustiques.
Drôles d'objets
Chez Ikea

Jour 3

Après 2 jours et demie de retour me voilà sur une nouvelle route. Enfin un peu d'inconnu. Le paysage est très bizarre, c'est une plaine et par-ci par-là d'énormes rochers montant à la verticale cassent la monotonie de l'horizon. Comme si la nature a commencé à faire quelque chose, mais s'est arrêté en cours de route abandonnant le chantier.
J'arrive à Hpa An, une ville très touristique, célèbre pour ses grottes. Ça grouille de touristes ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour moi. Mes soupçons se confirment - $15 la nuit dans une chambre basique. Ma patience et persistance me récompensent. Je trouve une maison d'hôte qui accepte que des voyageurs individuels partagent la même chambre. Je me retrouve ainsi avec un colocataire israélien parti à la découverte du monde.
Je trouve enfin un temple pas comme les autres. Un architecte fou à remplacé la cloche par une espèce de pyramide. Je n'ai pas beaucoup de forces pour visiter les grottes, un peu éloignées de la ville et je sais pertinemment ce que je vais trouver à l'intérieur - des temples.
La Thanlyin
Pagode Ye

Jour 4

Aujourd'hui je dépoussière la pire route depuis l'Inde, étroite, chargée et défoncée. On dirait qu'ils l'ont faite et refaite au moins 100 fois, mais jamais bien comme il faut. Autour de moi le décor rural est magnifique mais les bosses ne me laissent pas en profiter. Je n'ai pas envie de casser un rayon, de tomber ou pire, terminer sous les roues d'un camion. Je reste concentré, regard fixé sur l'asphalte, au moins sur ce qu'il en reste. À de bref épisodes, la route redevient "normale" pour les standards d'ici, c'est alors que je rencontre un autre cycliste, un norvégien tout fraîchement débarqué de Thaïlande. Nous profitons de la rencontre pour faire une pause et échanger de précieuses informations sur la suite. Il me demande si la route est toujours comme ça. "Pour moi c'est la meilleure portion de la journée", je me fais plaisir de le décourager.
J'approche Kawkareik et je vois une intersection qui ne figure pas sur ma carte. Le norvégien m'a prévenu qu'il existe une autoroute toute neuve qui n'est pas encore répertoriée par les cartographes. Cela tombe bien, je vais me lancer sur l'ancienne route qui doit être déchargée.
Je continue la dégustation des fruits locaux avec le fruit du dragon. Sa chair ressemble à celle du kiwi. Le goût est très doux, peu sucré, un peu comme de la pastèque sans goût. Je ne suis même pas sûr d'avoir eu un fruit bien mûr. Bref, je n'en suis pas un grand fan.
Fruit du dragon

Jour 5

Toutes les voitures parties sur l'autoroute, je continue sur l'ancienne route en paix. Il n'y a que moi, Günther et sa chaîne grinçante, et les chants des oiseaux. Après 10km d'échauffement j'entame une montée douce de 18km, avec un descente intermédiaire de 800m. La route est en très mauvais état, mais elle est toute à moi. Je ne croise qu'une moto et quelques 4x4 chargées de militaires en patrouille. J'arrive au point où il n'y a que la voûte céleste au-dessus de ma tête, la descente est inévitable. Pour mon plus grand bonheur la route est impeccable. Il faut tout de même faire attention aux parties sablonneuses. On est jamais à l'abri d'une glissade et un cassage de gueule. Descente magnifique !!! Des journées pareilles me rappellent pourquoi j'adore le vélo. Après 15km de bonheur, la route se jette dans l'autoroute. Ça se voit que les thaïlandais sont passés par là, qualité d'exécution irréprochable. J'arrive à Myawaddy, la ville frontière, pour ma dernière nuit en Birmanie.
Il est temps de goûter au fameux durian, le roi des fruits. La dame le découpe et le met dans une barquette sous film plastique. Même à travers le plastique je peux sentir son odeur. Je comprends pourquoi il est interdit dans beaucoup d'établissements. Je rentre à l'hôtel et j'ouvre mon cadeaux infect. Sa texture est gluante, son odeur tenace, mais comme c'est bon. Le goût est indescriptible et je n'ai aucun mal à finir mon assiette. Par contre j'ai une haleine de chacal, même après un long brossage de dents. Peut-être c'était une erreur de manger ça dans ma chambre.
Voilà la Birmanie c'est fini. C'est un pays qui laissera en moi des sentiments contradictoires. Serte la nature est magnifique mais les touristes sont considérés comme des vaches à lait. Des hôtels avec services médiocres et au prix largement exagéré pour cette partie du monde. Des vendeurs qui profite pour augmenter les prix. Les exemples sont nombreux. Une chose pourtant est sûre, ça va  de mieux en mieux si je compare la situation actuelle à celle décrite dans beaucoup de blogs et forums.
Panneau avec humour
Moi
Vers le sommet
Durians
Temple au lac de Bago
Shwe Maw Daw
Jaques
They Tha Man Aung
Shwe Yinh Myaw
Günther
Temple
Vers le sommet


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