"Birmanie" : débuts difficiles

Dawei, Birmanie 1

Jour 1

Je me dirige vers le port, ce que je pense être une formalité. Sur la route de méchants chiens veulent me faire la peau, heureusement un papi à vélo armé d'un bâton me sauve. Il me faut une arme pareille. J'arrive au poste d'immigration et on tamponne mon visa, je suis "officiellement" sorti de Thaïlande. Sur le quai, un monsieur me dit que je ne peux pas prendre mon vélo à bord. Je lui explique "calmement" que c'est hors de question et il obtempère. J'apprends également que le bateau ne m'emmène pas là où je veux. Pour aller à Kawthaung je dois faire une escale sur une petite île. J'ai l'impression que je ne suis pas au bon port. C'est trop tard de toute façon. Cette erreur me coûte 5 fois plus que j'espérais payer. C'est déjà oublié.
Me voilà en Birmanie ou Myanmar pour être plus correct. Myanmar est le nom officiel du pays, et Birmanie - son nom de colonie britannique. Je me renseigne auprès des autorités pour la suite et comme je me doutais, la région entre Kawthaung et Myeik (Mergui) est interdite aux touristes. Il se trouve également que depuis 2 semaines le ferry qui relie les deux villes ne navigue plus pour je ne sais pas quelle raison. J'ai deux solutions : soit je tente la traversée à vélo, soit je prends le bus ; j'opte pour la deuxième. Trois heures plus tard je monte dans le mini-bus pour un voyage de 14 heures, Günther attaché sur le toit par-dessus les valises. Je viens de trouver le moyen de transport le plus dangereux pour un vélo. Je retirerais cette constatation si c'était un bus direct. De dizaines d'arrêts et à chaque fois le chauffeur monte sur le toit. Il maltraite mon vélo et malgré mes protestations et conseils, il ne veut rien entendre (il ne parle pas un seul mot anglais) ; les tortures continuent. D'ailleurs je vois sur la route de nombreux points de contrôle ; je n'aurais jamais pu passer incognito.
Je vous mets la carte de la Birmanie vue par le ministère des affaires étrangères et l'employé chargé du coloriage des pays.
Bienvenu
Kawthaung
Birmanie

Jour 2

Il est 4h du matin et le mini-bus me dépose devant un hôtel. Je vérifie si tout va bien avec Günther et je réveille le réceptionniste. Son hôtel a l'air vraiment bien et il me balance avec sourire et en se frottant les yeux - $40. Dans un deuxième hôtel à côté on me dit $65. Je vérifie mes coordonnées, peut-être je me trouve au Monte-Carlo. Non, c'est bien à Myeik. Je rejoins le port espérant trouver quelque chose de normal. Les hôtels ne manquent pas mais il est à peine 5h et tout est fermé. Je comble l'attente avec le nettoyage de Günther qui s'est pris beaucoup de poussière sur le toit du bus. Je comprends pourquoi les gens avaient emballé leurs valises.
Je trouve ce qui me semble l'hôtel le moins cher - $14 et aucun moyen de négociation. Je trouve les prix abusifs comparés aux standards de vie.
Après une petite sieste je sors me balader en ville. J'arrive au principal point touristique - la pagode Thein Daw Gyi qui offre une superbe vue sur la ville et les îles avoisinantes. Devant l'entrée je vois un autre blanc, Peter, un slovaque qui a récemment mis fin à sa vie conventionnelle de londonien. Il se trouve qu'on loge dans le même hôtel, moi dans la chambre 106, lui dans la 105. Il me confirme mon erreur pour le ferry de Ranong à Kawthaung. Nous sortons pour le dîner dans un restaurant local qu'il a déjà visité la veille. Je ne vais pas m'aventurer avec les fruits de mer dès le premier jour mais je suis tenté par un poisson pêché dans les eaux polluées autour de la ville. Nous accompagnons tout ça avec une bière birmane en regardant du foot à la télé.
Thein Daw Gyi
Myeik
Fin de journée au port

Jour 3

Première véritable journée de vélo en Birmanie. Départ une heure après le lever de soleil après un petit-déjeuner sain et équilibré. Quand j'y pense, c'est le premier petit-déjeuner inclus depuis très longtemps.
Première constatation - ces fous de birmans roulent à l'envers (à droite) avec des voitures au volant à droite. Pour vous donner un aperçu, imaginez qu'on roule en France avec des voitures anglaises. Ce n'est pas vraiment pratique.
Il y a une seule route qui monte vers le nord et je la suis sans protestations. Son état - praticable, mais si vous demandez à un birman, il vous dirait qu'elle est parfaite.
La route est éprouvante, avec d'innombrables montées et descentes. Günther et moi, nous avançons sur le goudron fondu malgré la chaleur pesante. Beaucoup de villages sont situés sur cette route et presque chaque maison est un commerce. Je n'ai aucun mal à trouver de quoi manger et boire. Je demande à un birman, le seul avec quelques notions d'anglais, la distance qu'il me reste à couvrir. Je sais avec certitude à 5km près, qu'il me reste encore 40km à faire jusqu'à Palaw. Voila la retranscription de la conversation :
"Kilomètres Palaw ?", il faut éviter de composer des phrases complexes, pour ceci je n'utilise pas de verbes. "185km", me répond le gars. "Not possible". "80 milles". "Not possible", je répond avec sourire après un calcul mental. "Une heure à moto". Là je suis d'accord avec lui. Il passe l'examen in-extremis - 11/20.
J'apprends par hasard que la Birmanie est un des trois pays au monde avec USA et Libéria, n'utilisant pas le système métrique. C'est étrange car sur la route principale toutes les distances sont indiquées en "km". Information à vérifier.
J'arrive dans le grand village du coin - Palaw. Je demande où se trouve l'hôtel, dont je ne suis même pas sûr de l'existence. On me montre un restaurant, mais rien n'indique que c'est un hôtel. Je me demande s'ils acceptent les étrangers, car aucune inscription en anglais. Le réceptionniste/serveur ne fait pas de manières et empoche mon argent contre les clés du palace. J'ai jamais vu une chambre aussi petite. Même les étudiants parisiens seront amusés par la taille de la pièce.
Mini chambre
Palaw

Jour 4

Aujourd'hui risque d'être une journée difficile. La prochaine grande ville, Dawei, se trouve à 160km, et rien au milieu. Je pars avec les premières lueurs dans le ciel. Je dois parcourir le maximum de kilomètres avant l'arrivée de la chaleur.
Le relief est toujours aussi escarpé et il ne permet pas de prendre un bon rythme. Je pédale sans cesse jusqu'à 11h. Le soleil est déjà bien haut et tape avec férocité sur ma tête. Mon casque est ma seule protection. Vers 13h, je suis déjà épuisé et je fais un premier arrêt en attendant que le soleil se fatigue lui aussi. Je garde les derniers 45km pour la fin de l'après-midi. Je suis parti de Palaw avec le soleil levant et j'arrive à Dawei avec le soleil couchant - synchronisation parfaite.
Je peux classer cette journée passée dans les feux lucifériens comme une des plus dures dans ma carrière de cycliste amateur vagabondant.
À l'hôtel, je retrouve mon ami slovaque. Comme d'habitude il a exploré les restaurants et il m'en recommande un. Une soupe de poulet, salade d'avocat, salade de feuilles de thé et pour terminer une glace.
J'ai besoin de repos !
Dîner équilibré

À Dawei

Moi qui voulait dormir, à 2h du matin, ma rue explose littéralement sous la musique et les chants hindous. Spontanément un festival éclate. Heureusement la manifestation joyeuse continue sa route et va réveiller d'autres malheureux ex-dormeurs.
Je prends un RTT pour la visite de la ville. Elle est célèbre pour ses plages mais elles sont situées à un quarantaine de kilomètres et il faut louer un scooter. Ça sera sans moi. Il y a forcément de jolies choses à voir dans la ville. L'arrêt obligatoire est la pagode Shwe Taung Zar et le complexe religieux bâti autour. Je jette un coup d'œil à l'intérieur d'un temple et je vois une ambiance disco autour de la statue de Bouddha. Les lumières dansent une chorégraphie des années 80, ça frôle le ridicule.
Des maisons traditionnelles, des temples, des fast-foods locaux, voilà ce qu'on peut voir dans les rues de Dawei. Pour conclure, c'est une ville propre, calme et agréable à vivre ; son attrait touristique est plus que compréhensible.
Shwe Taung Zar
Shwe Taung Zar
Pagode
Soirée disco
Maison à Dawei
Vers la Birmanie
Thein Daw Gyi
Shwe Taung Zar
Ding dong
Shwe Taung Zar
Shwe Taung Zar
Rue de Dawei
Jongleurs


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