"Birmanie" : l'aventure continue

Mawlamyine, Birmanie 0

Jour 1

Corps et esprit marqués par la fatigue, je remonte sur Günther pour une nouvelle journée d'aventures birmanes. La première bonne nouvelle vient du gérant de l'hôtel. Il pense qu'il y a un hôtel à 90km. Je l'espère bien, sinon je dois répéter l'effort d'avant-hier. Je pars vers l'inconnu vers 5h45, dans l'éventualité d'un parcours de 160km. Ce matin le paysage est plongé dans le brouillard et le soleil se fait timide. Après 60km il est temps de commencer à investiguer sur la prétendue existence d'un refuge pour touristes. J'ai 100% de réponses positives et je baisse le rythme. Pour rejoindre l'hôtel il faut sortir de "l'autoroute" vers un village nommé Kanpauk. Un policier me dit qui y a un seul hôtel dans la ville, mais je n'en demande pas plus.
Après 15km de montées et de descentes au milieu des collines verdoyantes j'arrive à Kanpauk. Je suis étonné par sa taille. Pour un village perdu dans la montagne, c'est très grand. Je demande où se trouve l'hôtel et je me fait escorté par un local qui n'a visiblement rien de mieux à faire. L'hôtel est interdit aux étrangers mais le gérant me donne les clés d'une chambre contre quelques billets de banque. Il me parle de police mais je ne comprends pas grande chose. Après la sieste de midi je sors me promener et trouver un goûter. Je me fais un cocktail de fruits : bananes, ananas, pastèque. De retour à l'hôtel, le gars me prend à part et recommence la vielle histoire de police. Je comprends strictement rien mais ses gestes ne mentent pas, il faut ramasser mes affaires et m'en aller. Mais où est-ce que je vais dormir ? Le gars s'amuse à première vue. Il me dit qu'il m'accompagnera. Mais où ? Bref, j'arrête de poser des questions, je charge Günther, j'allume le phare et nous partons. Je suis la scooter sur 5km en pleine nuit et soudain je comprends tout. Nous nous arrêtons devant un autre hôtel !?? Le gérant a essayé d'obtenir l'autorisation auprès de la police mais comme il y a un autre hôtel avec licence, ils ont dû refuser. Il me rembourse et me dit au-revoir. Le nouvel hôtel, en plein milieu de nulle-part, est 1,50€ plus cher mais la qualité est là. À 100m de l'hôtel, se trouve un restaurant, tout aussi paumé, mais apparemment très apprécié par les gens. Je m'installe sur la seule table disponible et tous les regards se tournent vers moi. La plupart des gens n'insistent pas mais quelques-uns me fixent pendant tout le repas. J'entends même le bruit indiscret de l'appareil photo d'un portable.
Quelle journée ! Je suis mort de fatigue et je m'endors vite.
Maison solitaire
Maison traditionnelle
Bouddha avec parasol

Jour 2

Aujourd'hui le brouillard est 2 fois plus épais. Il fait limite froid, 28°C, tout est relatif évidemment. Je profite de la fraîcheur pour avancer mais je reste tranquille. Je me dirige vers la ville au nom très simple Ye où je suis certain de trouver où dormir. Il est 11h et soudainement le soleil se montre et me donne un coup de massue avec ses rayons brûlants. D'autres jours la chaleur venait progressivement et aujourd'hui j'ai pris 10°C en espace de quelques minutes. J'ajoute à ça une longue montée dont j'étais prévenu la veille. En haut de la montée se trouve la frontière de la région, du coup je passe comme un contrôle de douane. La descente est un vaste chantier de modernisation de la route, ils posent de l'asphalte quoi. Encore 20km et j'arrive à Ye. La route m'emmène vers un lac entouré de temples. Je décide de le longer et je trouve un hôtel du premier coup. Qui dit lac, dit moustiques. Je vérifie l'état de la moustiquaire ; c'est pas parfait mais quelques grosses araignées me protégeront cette nuit. Je fais un tour du lac au coucher de soleil. Des temples, des monastères et des moines. Si vous décidez de venir en Birmanie, préparez-vous à bouffer des temples. Personnellement, j'en ai un peu marre de marcher pieds nus dans des crottes de pigeons et des mégots, mais je joue le jeu du touriste occidental.
Pour la première fois des locaux veulent se prendre en photo avec moi, ce qui était notre quotidien en Inde.
Le soir autour du lac beaucoup de petits vendeurs occupent les trottoirs. Maïs à la pakistanaise, des crêpes salées, des saucisses, je me prépare un dîner chaotique sautant de stand en stand.
Bouddha relaxe
Ye Lann Payar

Jour 3

De nouveau je pars avec l'incertitude. La prochaine très grande ville touristique est à 150km, c'est effectivement un complot. J'ai repéré une autre ville à mi-chemin ; jusqu'à là j'avais de la chance, il n'y a aucune raison pour que ça s'arrête aujourd'hui. La route est toujours aussi vallonnée mais avec un peu de rigueur et d'expérience, j'arrive à minimiser l'effet cassant des côtes.
Si on enlève la chaleur insupportable et le relief capricieux, la Birmanie de sud serait l'endroit parfait pour les cyclistes amateurs. La nature est partout ; j'ai l'impression de rouler sur une communale trop chargée en France. Pour combler les heures et pour ne plus entendre les hellos je mets ma musique à fond. Des fois j'ai besoin de me couper du monde qui m'entoure, y compris les gens qui me saluent ou qui me crient des phrases incompréhensibles.
J'arrive à Thanbyuzayat, la fameuse ville que j'ai repéré hier. Ne me demandez pas de prononcer son nom. La chance me sourit encore une fois et je trouve un petit hôtel tenu par une couturière. Elle m'annonce le prix - 2€, j'attends de voir la chambre. La qualité est au niveau du prix. C'est très sale, le "matelas" ressemble plus à une vulgaire couverture jamais lavée, au moins la moustiquaire a l'air infaillible ; je survivrai. À côté de l'hôtel, on peut visiter le musée du Chemin de fer de la Mort. Peut-être Sheldon serait allé mais pas moi. Je passe sans y prêter attention.
Au centre-ville je tombe sur 3 aryens (2 autrichiens et 1 allemand, mais quelle différence). On échange quelques mots de pure solidarité européenne en attendant leur bus pour le sud. Moi je continue ma promenade et je m'arrête dans un parc à l'abri du soleil.
La ville est un vaste arrêt de bus. Tous les cars s'y arrêtent pour le ravitaillement des passagers, du coup la nourriture est un peu plus chère qu'ailleurs. Comme il n'y a pas grand chose à faire, ni quelqu'un avec qui discuter, je me couche avant le journal de 20h.
Recharger les batteries
Musée du train

Jour 4

La route s'élargit et le trafic s'intensifie. J'approche Mawlamyaing (Moulmein). Je quitte les collines dont les seuls vestiges restent quelques énormes rochers qu'on a surplombé de temples. J'arrive dans la ville avant 11h et je trouve l'hôtel le moins cher d'après les guides touristiques. La chambre ne fait pas plus de 6m² mais l'hôtel est bien situé et relativement propre.
Ja patiente dans ma cellule en attendant la fin de l'après-midi car la chaleur est écrasante aujourd'hui. Je ne comprends pas, tous les jours je me rapproche de plus en plus vers le pôle nord et il fait de plus en plus chaud ; c'est pas logique.
Je me promène au bord de la rivière Salween et comme je suis de mauvaise humeur je prends en photo la déchèterie qu'elle est. Je voudrais sentir l'ambiance de la ville mais on est dimanche et tout est mort. Je monte sur une colline où se trouve la pagode Kyike Than Lan qui, d'après un vieillard parlant un peu anglais, est une des plus importantes en Myanmar. En tournant autour, je rencontre un cycliste anglais, Eddy. Je l'ai déjà aperçu 2 jours avant à Ye mais sans pouvoir l'aborder. Le destin a décidé que nos routes se croisent encore une fois. Il me dit que de Kawthaung à Myeik (la portion interdite), il a choisi l'option 1 et parcouru tout le trajet à vélo sans aucun problème. Concernant le postes de contrôle, un simple "Hello" et ni vu ni connu. La situation commence à se libéraliser pour le bonheur des cyclotouristes.
Je finis la soirée au port ou de nombreux restaurants ont poussé après le coucher de soleil. C'est un peu comme en Thaïlande sans les plats exotiques.
Temples sur le rocher
La rivière
Kyike Than Lan
Kyike Than Lan
Ambiance au port
Les collines
Maison en ruine
Shwe San Taw
Monastère
Au lac
Nano chambre
Mosquée
Kyike Than Lan
L'ascenseur
Vue depuis la pagode
Vers la pagode
École des moines


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