"Thaïlande" : Ping et Chao Phraya

Bangkok, Thaïlande 0

Jour 1

Je me pointe à la frontière à la première heure pour obtenir mon visa. Cette fois je paie le prix indiqué sans surplus. Me voilà à nouveau en Thaïlande. Premier constat de la journée - je digère mal le durian. Le ventre me fait mal, j'ai faim mais je sens que je ne pourrais rien avaler. Je pédale doucement quand la première difficulté se profile devant moi. Le route grimpe très vite, trop vite. Je mouline mais je n'avance pas. Au bout 2h, mes bidons sont vides comme la gourde d'un perdu dans le désert. Pas un seul village, pas un seul magasin, je serre les dents et je continue. J'arrive enfin en haut de la colline et je commence une descente irrégulière. Il me faut de l'eau, et tout de suite. Comme si ma prière a été entendue, j'arrive à un poste de contrôle de la police. Un coin repos y est emménagé avec de l'eau fraîche. On peut se faire même un café. Je me repose, je fait le plein et je repars pour une belle descente. J'arrive à un deuxième point de contrôle et je remarque 2 vélos garés à côté du même coin repos. Je m'arrête pour discuter avec les collègues quand un policier se ramène m'apportant une bouteille d'eau, "Bienvenu en Thaïlande". Je rencontre un couple espagnol - Hector et Claudia. Lui, il est sur la route depuis... 2006, et elle, depuis 2008. Partis chacun en solo, il se rencontrent sur la route et ils ne se quittent plus. En 10 ans, ils ne sont rentrés que 2 fois en Espagne, le reste du temps ils mangent du goudron. Un couple merveilleux, plein d'expérience et d'histoires. Malheureusement je dois les quitter car j'ai une deuxième difficulté à franchir.
Au troisième poste de contrôle, j'ai droit au même service. Il parait qu'on peut même y passer la nuit. Après 10km de montée j'aperçois une statue de Bouddha qui signifie la fin de mes souffrances. Hélas le destin n'a pas dit son dernier mot. Dans les derniers mètres avant la descente, je sens que quelques chose cloche à l'arrière. Mon pneu se dégonfle rapidement. Une réparation express et je repars dans une folle descente de 10km suivie d'une route tranquille jusqu'à la première grande ville - Tak. Ce soir, exténué, je ne bouge pas de ma chambre.
Hector et Claudia

Jour 2

Je suis définitivement malade. Il est temps d'ouvrir la pharmacie et de voir ce que j'ai à l'intérieur. Un cachet antidiarrhéique et je repars démuni. Heureusement aujourd'hui la route est facile. Je suis le cours de la rivière Ping ou Pong, je ne sais plus. En Thaïlande les routes ne manquent pas et j'emprunte une départementale tranquille. La zone est très rurale, les agriculteurs bénéficiant des eaux inépuisables de la rivière.
Après 70km en bas régime, j'arrive à Kamphaeng Phet et je décide de laisser mon corps récupérer. Je roule en mode découverte sur l'avenue principale quand je croise un autre couple de cyclistes. L'accent français est inimitable.
Antoine et Bérangère, ces deux bisontins, ont une histoire peu commune. Partis en mode backpacker (sac à dos et tongues), ils ont eu marre et ont décidé d'acheter des vélos d'occasion en Asie de sud-est. Il se sont retrouvés avec de vielles carcasses inadaptées au cyclotourisme. Ils se sont fait fabriquer une charette pour porter les bagages. Ils ont parcouru plus de 2000km ainsi, les fous. Ils ont ensuite investi pour des vélos dignes de ce nom.
Kamphaeng Phet est une petite ville animée. Je vois pour la première fois quelqu'un jouer au croquet. Je pensais que c'était un jeu resté dans les mythes mais ici c'est plus que sérieux. Les joueurs se prennent pour des golfeurs avec le même style vestimentaire et le petit carnet pour inscrire le score. Ils ne manquent que les golfettes. La ville est traversée par la Ping dont les eaux peu profondes sont le lieu de baignade préféré des habitants. L'île Klang est emménagée en plage, pas besoin de faire centaines de kilomètres pour s'étaler sur le sable. Nous passons la soirée à partager nos histoires et projets autour d'une délicieuse soupe de nouilles et poulet.
Ping plage
Joyeuse de croquet

Jour 3

Nous partons avec le soleil levant. Ce matin un voile fin enveloppe la vallée de la Ping, cachant le soleil. Nous fonçons avec véhémence dès les premiers kilomètres. En rien de temps nous voilà à 30km de Kamphaeng Phet, c'est alors que l'ennemi numéro Un des cyclistes apparaît en face. Le vent infatigable veut nous retenir mais nous continuons malgré lui. J'avais oublié comment le temps passe vite en bonne compagnie. Nous oublions même le vent. Après 70km nous arrivons dans une grande ville qui n'apparaît même pas sur ma carte. Mes amis décident d'arrêter pour aujourd'hui et moi, de continuer pour encore 60km. Il est temps de nous dire au-revoir. Je voudrais profiter de la journée relativement fraîche pour faire avancer mes coordonnées GPS vers le sud.
Je continue ma bataille dans la vallée mais je change de rive. Une fois sur le pont, je vois la rivière pour la première fois de la journée, et pour la dernière, même si je la suis constamment. Cachée par les champs de canne à sucre, pour moi la rivière n'est qu'un dessin sur la carte.
J'arrive dans la très grande ville Nakhon Sawan et étrangement j'ai du mal à trouver un hôtel. Je roule un peu au hasard essayant de me diriger vers le centre-ville virtuel. Je m'arrête au premier hôtel croisé et comme le prix est très correct je ne fais pas d'histoires. À proximité se trouve le parc Sawan. C'est un gigantesque terrain de sport et pas que. Les jogguers peuvent faire le tour du lac, non dérangés par les vélos qui disposent d'une piste cyclable. On y trouve des appareils de fitness pour se muscler, aisni que des terrains pour tous les sports imaginables : football, basketball, badminton, même la pétanque. D'ailleurs ils sont très bons avec les boules. Par contre sur les terrains de badminton, c'est un sketch. Ils doivent changer le nom du sport - Ventminton. Une grande place est réservée pour la gym. Un instructeur motivé donne le rythme, difficile à suivre. Quelques vieux valsent sur un mouvement à 3 temps. Le sport occupe une place importante dans la politique de l'État. Les moins sportifs trouveront un karaoké et de nombreux coins lecture. Si on longe le parc de l'extérieur, on trouverait une multitude de karaokés, restaurants et des vendeurs ambulants.
Antoine et Bérengère
Le lac du parc Sawan
Pétanque
Gym

Jour 4

Je fais la grasse matinée aujourd'hui. Je ne pars qu'aux abords de 8h. Le fin voile d'hier s'est transformé en étoffe de laine ; des nuages en coton recouvrent le ciel et empêchent le soleil d'embrasser la Terre.
À Nakhon Sawan, la Ping et la Nan, après un "mariage pour tous", donnent naissance à la Chao Phraya.
Je passe à côté d'une ferme où des vaches trop rigolotes avec de grandes oreilles broutent de l'herbe. C'est la première fois que je vois cette race. Un peu plus loin je rencontre un autre animal, plus sauvage celui-là. Un énorme varan (plus de 1m) bronze sur le côté de la route. Je ne le remarque que quand il part se cacher dans l'herbe, probablement effrayé par mon approche. J'avoue, je n'ai pas fait le fier. Tout ceci se passe à une dizaine de mètres d'un vendeur de fruits. En fin de journée je croise un autre qui plonge dans sa mare, devant une maison. Il fait bouger les nénuphars ce qui me permet de suivre son déplacement. J'ai trop envie de le revoir mais après 15 minutes d'attente j'abandonne. Je ne peux pas me mesurer à ces bestioles et leur patience.
J'arrive à Singburi où cet étape de 130km prend fin.
Chao Phraya
Vache à grandes oreilles

Jour 5

Je pars pour 150km jusqu'à Bangkok. Le ciel est toujours aussi gris et j'avance vite. Je traverse de vastes rizières quand je sens la première goutte venue du ciel, suivie d'une deuxième, un minute plus tard c'est le déluge. Je me disais bien que ces nuages n'étaient pas là juste pour me protéger du soleil. Je vois un dépôt de bus, ou plutôt une morgue où une famille habite dans une maison improvisée à côté des carcasses de bus. Je me cache entre 2 bus désossés et un gars me ramène une chaise et un Pepsi. Mon compteur affiche 66,66km, et si ce n'est pas un signe. Je jette un coup d'œil à la carte et je me rends compte que je suis à côté d'une ville très touristique, ville que j'ai failli contourner.
La plus se calme et je parcours les 6km jusqu'à Ayutthaya. Je trouve sans problème un hôtel et je sors à la découverte des anciens temples (Wat en thaïlandais). C'est une ville qui a connu sa glore entre le 14em et 18em siècle, avant que les birmans ne viennent tout casser. La ville était une ancienne capitale du royaume, un centre culturel, religieux, politique et commercial très important. Elle est bâtie entre 3 rivières qui lui donne le surnom de Venise de l'Est. Fin 17em, la ville comptais plus de 1 million d'habitants vivant pour la plupart dans des maisons flottantes. Sa population était très cosmopolite.
En plein centre-ville se trouve le parc Rama. Des temples en ruine jaillissent du sol dans un équilibre douteux. Même si l'entrée aux sites soit payante, on peut tout voir de l'extérieur. Je décide de visiter plus en détail le Wat Mahathat où repose le symbole le plus important de la ville - la tête de Bouddha enveloppée par les racines d'un banyan. Le temple était lieu de cérémonies royales de première importance. Je continue ma visite dans le parc perdu dans mes pensées. Mon cerveau se reconnecte à la réalité pour une seconde pour me sauver d'une mort certaine ; piétiné par un éléphant, conduit par un chauffeur irresponsable et sur son dos des touristes qui rigolent. Je ne sais pas si la bête se serait arrêtée si je n'avais pas reculé à temps. En tout cas le guide n'avait pas l'air de se soucier de ma présence.
C'est une ville qui mérite d'être visitée et je remercie la pluie pour cette journée.
Rizières
Wat Phu Khao Thong
Wat Ratchaburana
Wat Mahathat
Wat Mahathat
Bouddha enraciné
Le parc
Phra Monghon Bopit

Jour 6

Cette fois Bangkok c'est pour de vrai. Aujourd'hui la pluie arrive après seulement 20km mais moins insistante qu'hier. Je me cache sous un abris-bus qui devient un endroit très convoité, pourtant personne n'attend le bus. Une heure plus tard il est temps de repartir dans la chaleur humide. Je suis préparé pour le combat avec le trafic mais Bangkok m'ouvre ses portes. La circulation est très fluide et organisée ; j'ai de la chance d'arriver un lundi, jour de week-end, l'équivalent du dimanche.
J'arrive dans le quartier des auberges. Les prix sont corrects mais je cherche un endroit sûr pour mon compagnon. La troisième auberge est la bonne. Cet après-midi je ne quitte pas le quartier. Je prévois au moins 3 jours à Bangkok alors je prends mon temps pour me reposer et fainéanter.
Bibliobus
Kamphaeng Phet
Temple sur la colline
Badminton au vent
Tous au sport
Temple royale
Village flottant
À Singburi
Narasuan le Grand
Wat Suwannawas
Wat Mahathat
Wat Mahathat
Wat Mahathat
Wat Mahathat
Wat Mahathat
Phra Monghon Bopit


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