"Laos" : la vallée du Dragon

Thakhek, Laos 0

Jour 1

Je pars pour une journée à première vue protocolaire. L'autoroute qui mène vers la frontière laotienne se transforme petit à petit en chemin impraticable. Günther sautille à la moindre bosse malgré mes tentatives de trouver un passage régulier. J'avance malgré les obstacles quand je sens que l'arrière se ramollit légèrement, crevaison. C'est étrange car la chambre à air n'est pas percée complètement. Je vois une grosse entaille sur une première couche de gomme mais une deuxième garde l'air précieux. Je n'ai plus de chambres à air neuves et je dois faire recours aux indispensables pour un cycliste rustines. J'espère que la réparation tiendrait.
Le passage de la frontière se fait sans aucun problème mis à part le racket habituel des douaniers - 2$ de supplément et personne n'y échappe. La zone frontalière est très touristique, célèbre avec ses 4000 îles et grandes cascades. Je m'arrête au premier hôtel et je fonce pour visiter les plus grandes cascades d'Asie de sud-est - Khone Phapheng. Le fleuve des neuf dragon est particulièrement calme mais ici il se déchaîne. La visite coûte assez cher mais depuis le temps que je voulais visiter quelque chose de naturel. Des belvédères y sont emménagés et les plus courageux peuvent descendre sur les rochers pour s'approcher des eaux mortelles. On peut même se rafraîchir sur une plage improvisée à l'abri des courants.
Je suis choqué par les prix des restaurants. Pour un simple plat de nouilles, ils demandent 2 fois plus qu'au Cambodge. Je suis même étonné de voir autant de gens y manger.
Khone Phapheng
Khone Phapheng
Khone Phapheng

Jour 2

Je prends une nuit supplémentaire et je pars déchargé à l'exploration des îles. Je prévois une boucle de 60km. Je commence par remonter le courant sur la route principale. Au bout de 6km, l'inimaginable arrive, crevaison à l'avant. Je suis maudit. C'est vrai que mes pneus ont déjà 13.000km derrière eux et c'était une question de temps pour que ça me tombe sur la tête. Après une réparation rapide je continue vers le nord. Je traverse un pont récemment construit et me voilà sur Don Khong. C'est la grande île et je ne m'y attarde pas plus. Le ferry pour Don Som est à 5km. Quand je dis ferry, pensez à une planche en bois avec un moteur de tondeuse à gazon. Je traverse l'île de nord au sud sur une piste de gravier fin. Aucune voiture pour soulever la poussière, c'est une plaisir de rouler ici. Sur la pointe sud un autre ferry m'emmène sur Don Det, l'île touristique. Vous l'avez compris, "don" veut dire "île". Des maisons d'hôte, des restaurants et des agences de voyage, et bien-sûr des touristes, voilà l'inventaire de ce que vous pouvez trouver ici. Je continue ma descente vers le sud jusqu'à Don Khon qui propose une autre série de cascades et une plage isolée. Encore une fois le prix de l'entrée est excessif mais je compte bien profiter de la baignade. Une demi-douzaine de personnes, majoritairement francophones, s'y baignent. Je me retrouve en compagnie de 3 champardennais : un tailleur de vignes, une fille qui trempe dans tous les domaines et un croque-mort. Après plusieurs heures dans l'eau nous repartons déjeuner. Après le repas je laisse mes amis à leur sport préféré, la picole et je retourne sur Don Det où je prends le bateau-taxi pour rejoindre la rive. Je viens également de trouver la marque d'eau la moins chère, mais pourtant difficilement trouvable.
Route sur Don Som
Cascade Li Phi
Les 4000 îles
Le Mékong

Jour 3

Pour remonter le courant du Mékong j'ai le choix de la rive gauche où l'autoroute trace infatigable, ou la rive droite et des routes qui n'existent pas sur Google Maps. Malgré l'état de mes pneus et guidé par l'esprit du challenge, je pars sur l'option la plus difficile. Je retourne sur Don Khong mais cette fois je traverse toute l'île jusqu'au port afin de rejoindre la rive droite. C'est parti pour 90km sur un chemin poussiéreux mais à la différence d'hier, avec une circulation rarissime mais gênante. Il suffit d'un camion pour se retrouver perdu dans un nuage jaune et rouge. Des fois le gravier laisse palce à la terre sèche jonchée de bosses. Après un passage difficile et quelques bonds de Günther, je sens qu'une de mes sacoches est à moitié décrochée. Le mécanisme de fixation est composé de 2 crochets en plastique. Je viens d'en perdre un. Pour éviter d'en perdre le deuxième, j'attache solidement la sacoche au porte bagage avec une corde. Mon matériel commence à me lâcher progressivement.
J'arrive avec le coucher de soleil dans un village touristique. La raison de toute cette agitation m'est donnée par un français, informaticien qui a crée son entreprise en France et qui habite au Laos pour des raisons économiques évidemment. La liberté de bosser sur Internet lui donne l'occasion de profiter de sa passion, l'archéologie. La région est le berceau de la civilisation khmère et le village où on se trouve fut la capitale de l'Empire. Il accompagne des archéologiques professionnels dans les fouilles au site Vat Phu.
La journée était tellement longue que j'ai oublié de manger. Mon dernier repas date de plus de 24h. Je dévore mes nouilles sans même penser au prix scandaleux. Pour vous donner une idée, la nuit d'hôtel me coûte 30.000 kyps (3,30€) et la petite assiette de nouilles - 20.000 kyps.
Les îles du Mékong
Ferry moderne

Jour 4

L'archéologue amateur m'a vivement conseillé d'aller voir le site de Vat Phu mais sans guide ça ne sert à rien de regarder des cailloux. Peut-être une autre fois. Après 30km je repasse sur la rive gauche au niveau de la grande ville Paksé. Je profite pour me faire un petit-déjeuner car je ne compte pas refaire l'expérience d'hier. Soucieux de mon matériel, je continue sur l'autoroute. La chaleur est torride mais les points d'eau ne manquent pas et je reste bien hydraté. Poussé par le vent de sud, les kilomètres s'ajoutent rapidement au compteur. J'arrive dans une ville étendue tout au long de l'autoroute. Les hébergements se suivent mais les prix sont vraiment excessifs pour une qualité médiocre. Je trouve ce qui me semble le meilleur rapport qualité-prix et je profite de l'après-midi pour écrire. Enfin une journée tranquille sans casse. J'ai parlé trop vite. Mon téléphone portable ne s'allume plus, malgré mon acharnement sur le bouton "On". Le chargeur ne l'aide pas non plus. Le pauvre LG n'a pas supporté les températures extrêmes. J'avoue mes sacoches noires ne sont pas très adaptées pour ces conditions. Je vérifie l'appareil photo et la tablette pour m'assurer que tout va bien.

Jour 5

Je me demande qu'est-ce qui va me lâcher aujourd'hui. Je rencontre quelques cyclistes qui roulent vers le sud et on échange nos impressions sur le Laos. Nous sommes unanimes sur une chose, ce pays est inexplicablement cher. L'autoroute traverse une vallée actuellement sèche. À de rares endroits des rizières donnent un peu de couleur au paysage. L'ambiance dans les villages est festive, c'est la fête de l'eau. Les gens arrosent les passants. Je me prends quelques jets de pistolet à eau et carrément un seau entier. C'est rafraîchissant.
Aujourd'hui je ne vais pas m'aventurer et je me trouve un hôtel dès que le soleil touche au zénith. Même à la télé on parle d'une vague de chaleur. Les températures avoisinent les 44°C et sur la route l'effet est encore plus notable. Dans la soupe de nouilles je trouve une viande inconnue à mon palais. Je suis sûr que c'est du chien. Dans un acte de désespoir je retente d'allumer mon téléphone et comme par magie le logo LG apparaît sur l'écran. Voilà une bonne nouvelle.

Jour 6

Le combat contre la chaleur continue. Aujourd'hui les seaux d'eau se multiplient. C'est très rafraîchissant. Passant par un village d'enthousiastes je me prends 4 seaux d'un coup. Je suis trempé jusqu'aux os. Sinon rien d'autre à signaler.
Je sors pour le dîner et tous les petits restaurants sont fermés. Les gens font la fête et moi j'ai faim. Je trouve des brochettes et après m'avoir assurer que c'est du bœuf je me concocte un repas. Je viens subitement de tout comprendre après un dernier seau gentiment versé dans mon dos et accompagné d'un "Happy New Year". Voilà ce qui explique toute cette festivité.

Jour 7

Dernière jour dans la vallée du Mékong. À 5km de l'arrivée, mon pneu arrière se dégonfle. La rustine a cédé. Il faut que je trouve de nouvelles chambres à air et de nouveaux pneus. Après la réparation j'arrive enfin à Thakhet et je sors pour faire un tour dans la ville, appareil photo à la main. Mauvaise idée ! Je tombe sous l'arrosage des fêtards. Je comprends pourquoi les magasins vendent des pochettes imperméables pour portable et argent. Je suis mal équipé et je dois éviter de croiser des jeunes.
Dans l'hôtel je rencontre Michel, un allemand tout fraîchement converti au cyclotourisme. Nous allons dans un restaurant local pour l'habituelle dose de nouilles. Après 45min d'attente dans un restaurant vide, nous obtenons nos repas. Cette lenteur est générale, c'est dans la nature du laotien, cette nonchalance proche de la flemmardise.
Arrosage
Khone Phapheng
Khone Phapheng
Khone Phapheng
Route sur Don Som
Don Det
Le Mékong


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