"Viêtnam" : montagne, rizières et autoroute

Jour 1

La région est célèbre avec ses grottes. Je n'ai pas fait des recherches plus approfondies pour connaître celles qu'il faut visiter et je décide de m'arrêter sans trop d'attente. Je découvre la Tham Sa Pha In. Comme souvent, la grotte est transformée en lieu de culte. La visite est libre et ce matin je suis le seul à s'y intéresser. Cela me donne l'impression d'être un aventurier, d'aller là où personne n'est jamais allé.
Je me dirige vers la frontière vietnamienne. Les deux pays sont séparés par la cordillère annamitique, quel drôle de nom. Les premiers signes de la montagne approchante sont les rochers énormes recouverts d'arbres et dont la route contourne habillement pour conserver son plat agréable. C'est avec ces beaux paysages que Günther fête ses 20.000km.
Je continue ainsi, admirant la beauté de la nature. Les heures passent et je ne trouve aucun hébergement dans cette région reculée du Laos. Après 135km la première difficulté se profile devant moi, 15km de montées jusqu'à la frontière. La route jusqu'à là parfaite se dégrade progressivement et des fois laisse place à un chemin de gravier, ajoutés à cela les camions soulevant la poussière. J'arrive exténué au poste de frontière et on m'autorise à entrer au Viêtnam après une vérification minutieuse de mon passeport garni de tampons et de visas. Je trouve un hôtel très cher mais j'ai besoin de repos.

Les collines

Grotte Tham Sa Pha In

20.001km plus loin

Jour 2

Je suis en plein dans la montagne. De courtes montées à 10% m'épuisent lentement, mais la route est tranquille ce dimanche et la vue est belle. Je n'ai pas d'argent local et je compte sur la charité des gens pour avoir de l'eau. Certains me proposent même de la nourriture mais je refuse poliment et je remonte sur la selle. De loin je vois une belle église et la route m'y amène jusqu'à ses portes. Le prêtre et sa famille m'accueillent, me proposent de l'eau et de la nourriture, et il se trouve qu'il parle anglais. C'est un village avec une grande communauté catholique et 2 églises construites par les français. On me demande ma destination pour aujourd'hui. Je consulte la carte et on me montre où se trouve l'église. C'est plus qu'évident que je ne suis pas sur la bonne route. Je suis sorti de la route principale 15km plus tôt pour rejoindre une grande ville, mais apparemment j'ai tourné trop tôt. J'utilise des cartes téléchargées et celles-ci ne sont pas très précises. Le prêtre me dit que je trouverais un hébergement 10km plus loin. Je décide de suivre son conseil et je continue dans la mauvaise direction.
J'arrive dans la ville et un gars essaie de m'aider. Il me montre l'hôtel mais le prix n'est pas celui que j'espérais voir. Il me dit que c'est le seul hôtel de la ville. Il me dit également qu'il n'y a pas de distributeur de billets ni endroit où échanger. Dans ce cas il ne me reste qu'à retourner à l'église et passer la nuit là-bas. Je fais un tour dans la ville pour m'assurer de ses propos. D'abord j'échange un billet américain chez un bijoutier à un taux convenable, puis je trouve le distributeur, par contre aucune inscription "hôtel". Je retourne à l'hôtel et je vois qu'il n'y a pas non plus d'inscription en anglais, mais un "Nha Nghi" suivi du nom de l'hôtel. Je refais un tour et je trouve au moins 5 hôtels à l'aide de ce repère. Heureusement que les vietnamiens utilisent l'alphabet latin avec des accents dans tous les sens.
Je goûte mon premier Bun Bo, carrément pas bon, avec des restes de viandes, comme ceux qu'on donne aux chiens.

Cordillère annamitique

Église catholique

Jour 3

Ce matin le ciel est noir, recouvert de menaçants nuages orageux. La fine pluie ne m'empêche pas de partir. C'est plutôt rafraîchissant, mais après seulement 6km des éclairs jaillissent au loin et bientôt les premières grosses gouttes s'abattent sur la terre. Je m'abrite chez un garagiste en attendant la fin du déluge. L'attente est longue...
Deux heures plus tard je repars sous une fine pluie. Au bout de 25km les éclairs reviennent. Une pause pour le petit-déjeuner et je profite également pour étudier un peu plus la carte. Le ciel se dégage et je repars. Le temps est parfait pour le vélo - à peine 23°C et un vent favorable. J'arrive là où la petite route se fait avaler par l'autoroute principale du pays. Il ne faut que 10 minutes sur cette route pour vous faire exploser les oreilles. J'arrive dans une petite ville et je trouve un hôtel pas cher. Le seul problème c'est une ouverture d'aération d'où les moustiques se feront une joie de passer. Comment demander une moustiquaire ? Je sors le dictionnaire d'images "G'palémo" que Nathou m'a offert. Ça marche !

Encore une église

Chapeau dans la rivière

Jour 4

Je continue sur l'autoroute insupportable. Je la quitte à la première occasion et je suis une petite route le long de la mer. Je tente tout pour rester loin de l'axe principal mais les chemins sont mal indiqués et même pas présents sur ma carte. Même le GPS me dit que je roule au plein milieu des rizières. Demander conseil à un vietnamien est peine perdu. Le retour en enfer est inévitable. Je mets la musique pour ne pas entendre les klaxons et je continue.
Ce soir le Bo Bun est meilleur mais ça reste très fade. J'en ai mangé des meilleures en France.

La plage de Cua Lo

Jour 5

Encore une journée sur cette route infernale. La matinée est sous le signe de la pluie. Cela m'impose des pauses petit-déjeuner. J'arrive dans la ville étape Ninh Binh à l'heure du goûter. Je me promène autour d'un temple bâti sur un rocher. Malheureusement on ne peut pas monter. Je discute avec un pêcheur curieux pourquoi je voyage seul. Une journée ordinaire se termine.