"Chine" : Hunan en sprint

Wuhan, Hubei, Chine 0

Jour 1

Je ne vais pas rester ici pendant 9 jours, en attente. Il est impossible de faire envoyer mon passeport dans une autre préfecture alors je suis obligé de le récupérer à Guilin. Le plan n'est pas sorcier. Avancer autant que je peux pendant 8 jours et revenir en train le 9ème. Wuhan, la capitale de la province Hubei, se trouve à 880km. J'achète un billet aller-retour pour le jour J avec le TGV chinois. Maintenant, il ne me reste qu'à suivre le plan avec discipline digne d'un soldat de l'Armée Rouge.
La journée est sombre et nuageuse, tout comme mon humeur. J'avance sans aucun problème sur le plat de la G322, la petite sœur de la G323. Un flirt facile. Je passe par une petite ville et je vois des bâtiments au look ancien. D'après les panneaux touristiques il s'agit de bâtisses de la dynastie Qin. Je profite pour faire une pause déjeuner. Je goûte des Man Tou. C'est comme les Bao Zi mais en plus petit, vendus par 10.
Man tou
Bâtiment de la dynastie Qin

Jour 2

La province de Hunan m'accueillit avec de la pluie dès le matin. Je fais de petites pauses espérant qu'elle cesse mais hélas c'est tout l'inverse qui se produit. Je ne vais pas faire le difficile et j'accepte le sort que la Nature m'a réservé. Je noie mon espoir dans une flaque d'eau et je continue sous la pluie, inutile d'attendre.
Je suis extrêmement déçu par mes chaussures dîtes imperméables GoreTex. Elles ne sont pas plus imperméables qu'une paire de sandales. Il ne faut que 3 minutes pour qu'elles deviennent 2 minis baignoires, et 3 jours pour qu'elles sèchent.
L'autoroute éponge le trafic et le calme s'ajoute au déluge. Quand la pluie se calme enfin, des gouttes retardataires, accrochées aux feuilles des arbres, assurent la relève.
La route est plus vallonée et sportivement plus intéressante. J'arrive dans une ville qui existe à peine sur ma carte alors qu'en réalité elle est immense. Je tourne en rond pour trouver un hôtel pas cher. Au bout d'une heure à barouder, finalement je demande de l'aide à un commerçant.

Jour 3

Le matin commence par un nettoyage et graissage de Günther. Des chinois s'arrêtent étonnés et me regardent faire. Un gars engage la discussion avec un anglais modeste. Apparemment il n'a rien à faire et me propose de m'accompagner avec sa moto. Il se trouve qu'il est policier et aujourd'hui il ne travaille pas. Il est sortie se balader avec sa bécane. J'apprends qu'il travaille 10 jous par mois, mais pendant ces 10 jours il reste 24/24 au commissariat. Finalement on se sépare après 30km quand on sent les premières gouttes.
L'après-midi ressemble à la journée d'hier, mais cela ne me gène point, mes chaussures sont déjà trempées
Aujourd'hui je suis plus chanceux dans la recherche d'un hôtel. Je suis fier de moi, je décode enfin les 2 symboles indiquant les hôtels pas chers. Dorénavant je perdrais moins de temps.
Escorte

Jour 4

La route de sorti de la ville est en travaux, ou plutôt en construction. Je suis bloqué dans une zone d'activités et tout est fermé à l'heure actuelle. Je trouve un concessionnaire auto et je lui demande la route. Il monte dans une voiture (elles ne manquent pas) et me fait signe de le suivre. Il me dessine une première carte, d'après laquelle il faut rouler tout droit. Pourtant il tourne 2 fois. Après quelques kilomètres il s'arrête et me donne une nouvelle carte - toujours tout droit. Cette fois il tourne une seule fois. Je remarque qu'on a récupéré la route principale mais il continue de me guider. Après 10km il s'arrête et me tend une nouvelle carte. Il ne manque pas à me prendre en photo avant de me confirmer qu'il faut rouler tout droit. Je ne comprends pas pourquoi il a dessiné autant de cartes mais c'était très sympa de sa part.
La matinée est sèche mais je garde ma joie et j'attends de voir l'après-midi... Les heures passent et le Miracle se produit, je suis sec, enfin mes chaussures sont toujours mouillées. J'ai même droit au soleil, entre 15h03 et 15h07. Il faut le noter, tellement il est devenu un luxe.
J'approche la capitale de la région et cette fois je décide de trouver un hôtel avant. Opération réussie sans problème dans un quartier périphérique d'une ville périphérique. Comme si en arrivant à Paris on s'arrête à Maux. J'adore les petits villages.
Cartes à la chinoise 

Jour 5

Je consacre quelques heures dans Changsha et en plus la journée est encore sèche. Je rejoins la rivière Xiang. Sur une île, l'immense tête d'un chinois est immortalisée dans la roche. Plus tard j'apprends qu'il s'agit du grand Mao Zedong jeune. Les bords de la rivière sont emménagés en parc. C'est très agréable de pouvoir rouler loin du bruit. D'ailleurs la circulation dans les grandes villes est étonnamment facile. Les pistes cyclables sont très fréquentes, sinon on trouve toujours une voie réservée aux 2 roues. Pour le moment je n'ai pas été pris dans un bouchon. C'est très calme et relativement organisé.
Le jeu dans le pédalier est revenu. C'est un signe du destin car depuis quelques jours je me renseigne sur les différentes boîtes du pédalier. J'ai envie d'acquérir plus de connaissances techniques et pourquoi pas me mettre à la mécanique à mon retour. Avec mes 2 mains gauches ça sera un bon challenge.
Mao Zedong
Monument à Changsha
Dufu Jiangge

Jour 6

Voilà une journée normale, pluvieuse et inintéressante. Je passe.

Jour 7

La ville de Yueyang, où je me trouve, est traversée par le Yangtsé, le fleuve bleu, un des plus longs d'Asie. C'est tellement grand que les porte-containers naviguent paresseusement mais facilement dans ses eaux opaques. Je vois à peine de l'autre côté. Le quartier touristique de la ville est assez sympa, avec des bâtiments à l'ancienne. Le matin tout est fermé mais sinon ça doit être assez animé. Je suis le fleuve sur une route tranquille qui se transforme en digue dépourvue de tout trafic. C'est calme, c'est plat, c'est parfait. Par contre il faut se soumettre à ses caprices, ses lacets et détours. Tout d'un coup la route s'arrête brusquement dans un mur. De l'autre côté du mur, je vois les toits de bâtiments traditionnels. Je fais le tour et j'arrive à l'entrée d'un site touristique - la bataille de Chibi. Une petite partie peut se voir gratuitement. Le charme est cassé par la construction de nouveaux anciens bâtiments, mais ça reste un endroit intéressant. Si on veut visiter tout le site, il faut probablement compter une demi-journée.
Je retrouve ma digue et je profite à fond de cette journée parfaite. Je passe dans la province Hubei. Un grand bras du fleuve fait dévier ma route. Je dois trouver un moyen de traverser. Je vois un pont mais il est en construction. Je demande à un gars et il me dit qu'il n'y a pas de soucis. Pourtant il faut bien monter sur ce pont, voilà le souci. Je décharge Günther et en 3 allers-retours je me retrouve sur le pont. Je quitte la digue et .je prends sur une route tranquille. C'est une erreur car cette route fait un détour inutile, mais je roule toujours dans la bonne direction, c'est le plus important.
Un gars en moto veut à tout prix discuter avec moi. Il me suit sur plusieurs kilomètres essayant de fabriquer quelques phrases en anglais. J'arrive dans une grande ville et le gars est toujours derrière moi. Finalement il me propose d'aller dormir chez lui. Il s'appelle... euh... un nom impossible à prononcer, mais pour faire simple, je l'appelle Pin. Il vit avec ses parents après avoir quitté son job d'ingénieur civil. À la "surprise" général, il est enfant unique. Leur appartement est récent et grand, situé au 18em étage avec une super vue sur le lac. Le soir on sort se promener autour du lac où d'après lui l'air est extrêmement pur. Je dois le croire sur parole et prendre des grosses bouffées. Il est obsédé par le Japon et je le force à se renseigner pour le visa.
Yueyang
Yueyang
La digue
Chibi
Chibi
Le pont
Avec Pin

Jour 8

Il se trouve que les parents de Pin tienne une boulangerie. Il m'emmène manger des Bao Zi. Ils sont carrément les meilleurs que j'ai mangé jusqu'à là et gratuits, avec du lait de soja à volonté. La digestion n'est pas facile et toute la matinée je roule au ralenti. Je ne suis pas loin de mon but - Wuhan. L'arrivée dans la ville est surnaturelle. J'ai l'impression d'être dans un jeux vidéo post-apocalyptique. Une grande zone industrielle en construction, des terrains vagues, des lacs, et quelques méga usines de constructeurs d'automobiles. Les routes sont récentes, avec le marquage au sol et beaucoup de panneaux. Partout des voitures neuves, sorties de la chaîne de montage, mais pas une seule âme. Finalement je me rends compte que la zone n'est pas reliée à la ville, pas encore, et je fais demi-tour.
À l'entrée de la ville je m'arrête chez un vendeur de vélo. On démonte le pédalier et fais une grimace qui signifie "c'est pas beau". Il faut changer la boîte du pédalier. Pour 10€ je repars avec une nouvelle boîte bon-marché qui tiendrait j'espère quelques milliers de kilomètres.
Je n'ai aucun mal à dénicher les hôtels mais ils m'envoient tous chier avec la même phrase qui doit dire "casse-toi, tu pues". C'est pas possible, déjà 3h et rien. La nuit commence à tomber et je sens quelques gouttes. Finalement je trouve un hôtel. Le gérant est méfiant à mon égard mais m'accepte. J'arrive même à négocier une réduction pour les 2 nuits.

Jour 9

Je prends ma place à bord du CPH, le train rapide. C'est spacieux, et agréable. Quand les chinois se mettent à manger des nouilles, l'odeur devient désagréable, un peu comme dans un restaurant chinois à Paris.
Voilà comment en 5h j'efface 880km de bataille. Je file à la préfecture pour récupérer ce que je suis venu chercher. Comme promis et contre 20€, j'ai mon extension de visa. Je dois quitter la Chine le 04 juin, dans 9 jours. Je dois préparer la suite du plan. Le point le plus important c'est mon départ. J'ai trouvé sur internet une compagnie de ferry qui opère entre Lianyungang et la Corée de Sud. Leur site est incompréhensible et j'ai besoin de quelqu'un qui parle à la fois anglais et chinois pour les appeler. Je m'arrête dans une agence de voyage et je demande si quelqu'un parle anglais. Je suis chanceux, une dame arrive avec "Hello, how can I help you". Je lui explique mon cas et étonnamment elle comprend du 2 deuxième coups. Souvent il faut 3 ou 4 explications. Apparemment le site de la compagnie est très vieux et pas à jour. Elle appelle et me dit que le trajet est quotidien. C'est une bonne nouvelle. Prochain étape - acheter le billet. Je ne veux pas abuser de son temps et je la remercie du service.
Je reprends mon train. Encore 5h pour regagner Wuhan. Je peaufine le plan - 960km en 8 jours. Je dois passer du statut de soldat de l'Armée Rouge et à celui de Martyre, mais cela ne me fait pas peur. C'est un peu dommage de devoir filer sans profiter mais je reviendrai car la Chine me plaît vraiment.
La rivière Xiang
Monument à Changsha
Monument
Le parc
Portail
Yueyang
Yueyang
Fin dans le mur
Yueyang
Chibi
Les généraux à Chibi
Pi Pa
La famille pose
Le lac


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