"Chine" : les vallées de Guangxi

Guilin, Guangxi, Chine 0

Jour 1

Je repars sur ma route préférée. Aujourd'hui c'est la boue et les flaques d'eau. Après l'enfer me voilà au paradis. Je me lance sur une portion complètement refaite. Aujourd'hui je quitte le Yunnan pour entrer dans la province Guangxi. Je comprends enfin la raison des travaux. Je vois le vrai état de la route, elle en a besoin. Dans une montée, alors que je suis concentré sur les trous, je fais une rencontre reptilienne. Le serpent qui n'a pas l'air gentil passe à 1m devant moi. Je ne fais pas le fier, je braque le guidon et je donne un bon coup de pédale. Je m'arrête pour me calmer et jeter un coup d'œil dernier.
Je quitte temporairement les montagnes à l'approche de Baise. Dans la grande ville, je trouve facilement un hôtel pas cher, mais l'enregistrement ne se passe pas comme prévu. Le gérant ne comprend rien au passeport étranger et appelle son fils pour faire l'enregistrement. Ils ne plaisantent pas avec les règles de la police. Je dois attendre 1h avant de pouvoir accéder à la chambre et je profite pour faire un tour dans le quartier.
Rivière
Nouveau quartier de Baise

Jour 2

Je prends mon premier petit-déjeuner traditionnel : bao zi (pain fourré) et jus de maïs. Je me fais avoir, le jus est brûlant et je ne peux le déguster que 30 minutes plus tard. Après 40km sur le plat, je suis de retour dans les montagnes. La route est parfaite et je n'ai plus de raison pour me plaindre et vous emmerder avec cette histoire. Après quelques petites montées et descentes j'arrive à Bama, ville mondiale de la santé et la longévité. À quelques kilomètres avant la ville on peut dévier pour visiter la source de cette longévité. L'eau qui y coule guérit 19 maladies mais pas celle dont on est malade. C'est bien connu. En arrivant dans la ville un monsieur en camionnette m'arrête avec des gestes et comme je ne suis pas pressé je ne l'envoie pas chier. Il sort de son coffre 4 petites bouteilles d'eau. Sur les étiquettes je peux lire le nom de la ville. Malgré mes protestations je suis obligé de prendre toutes les bouteilles, je remplis mes gourdes et j'en vide une devant lui. Alourdi du liquide précieux je trouve un hôtel juste en face d'un parc.
La ville est construite autour d'énormes collines emménagées pour les promenades sportives. Mon esprit de compétition exige que je monte sur la colline la plus haute. J'y arrive après quelques centaines de marches et un peu de sueur. La vue sur la ville et les environs est magnifique. Au retour, le parc s'est transformé en piste de danses chinoise. C'est très animé jusqu'à 22h quand tout d'un coup tout s'arrête.
Bama
Bama

Jour 3

Je quitte la jolie ville de Bama après avoir rempli mes bidons avec de l'eau minérale de longévité. L'eau ne fait pas autre chose que de me ralentir dans la première grosse montée de la journée. Après une descente à l'image de la montée j'arrive dans une vallée étroite : de jeunes rizières sur lesquelles est imprimé le reflet des montagnes, des villages tranquilles et des paysans travaillant la terre/boue.
J'arrive à Donglan et comme je ne suis pas très motivé aujourd'hui, je décide de m'arrêter là. La ville grouille de restaurants, de pâtisseries et de vendeurs de fruits. Je me ferai plaisir auaujourd'hui.
Je passe par la place centrale, ou la place des joueurs aux cartes. Une centaine de personnes, des retraités pour la plupart, jouent à tous genres de jeux chinois. Les spectateurs ne manquent pas non plus. Ceci dit, les chinois sont très joueurs. En public ils jouent pour le plaisir mais en privé (dans les boutiques, les halls des hôtels ou les salles de jeux) l'argent est au milieu de la table, et je ne parle pas de quelques centimes.
Je suis les panneaux touristiques et je me retrouve sur la place Wei Baqun. Ici les retraités chantent, peut-être des chansons à la gloire du Parti. La place est calme et les touristes ne se basculent pas, juste quelques familles se prenant en photo avec les statues en bronze des héros de la nation.
Je goûte à nouveau au Bao Zi, celui-là fourré aux oignons, pas aussi bon que celui d'hier, fourré à la viande hachée. Je goûte également une variante sucrée et un gâteau au colorant rose.
Vallée
La place des joueurs
Place Wei Baqun
Place Wei Baqun

Jour 4

Le ciel n'a pas arrêté de déverser sa colère sur la ville. Le matin est gris, cela à son charme. C'est magnifique la façon dont les nuages glissent le long des parois abruptes des collines, cachant la beauté de la nature. La pluie ne tarde pas à s'inviter à la fête et ne la quitte pas de la journée. Au début c'est qu'un crachat mais petit à petit les averses s'accélèrent. Bientôt il faut parler de déluge. Les coups tonnerres retentissent de plus en plus souvent et cela ne présage rien de bon pour l'après-midi. J'approche une ville et ça sera le parfait endroit pour m'abriter et me sécher. Espérons que demain la météo sera plus clémente avec le cycliste.
Hongshui

Jour 5

Encore un matin nuageux et humide, mais les météorologues ne prévoient pas de pluie. En fait j'en sais rien, j'ai essayé de comprendre la météo à la télé, mais j'ai vite abandonné. Dès les premiers coups de pédales je sens que quelque chose ne tourne pas rond. Je constate un jeu inquiétant dans le pédalier. C'est soit une vis à serrer, soit roulements à changer. De toute façon je n'ai pas les outils nécessaires. J'avance bien sur le plat descendant et enfin je peux dépasser la vitesse des skateboards. Je rencontre 3 cyclos chinois mais comme d'habitude aucun mot en anglais, juste un "I don't know" accompagné de rires. J'en ai assez de ces chinois rigolos et je mets le turbo. Un d'eux essaie de me suivre et me rattrape même dans une descente dans laquelle j'avais oublié de pédaler.
Débarrassé des chinois, je continue entouré de magnifiques paysages comme j'ai déjà l'habitude de voir. Les panneaux touristiques se suivent, m'envoyant dans toutes les directions à des dizaines de kilomètres. Un panneau dit "Huaiyuan - ancien village 1km", cela me tente. Effectivement le village est ancien, il date des années 70. Je tourne pour trouver le quartier historique mais en vain. Je ne repars pas les mains vides, ou plutôt l'estomac vide. Je retrouve le goût de l'ananas.
J'arrive dans une grande ville et avant de chercher un hôtel, je m'arrête chez un vélociste. On démonte le pédalier, tout a l'air en ordre et après remontage le jeu disparaît. Trouver un hôtel pas cher s'avère plus difficile que réparer le vélo. Je suis obligé de m'enfoncer dans les petites ruelles autour d'un marché pour trouver ce que je cherchais.
Huaiyuan - ancienne ville
Paysage

Jour 6

Je me réveille avec le bruit de la pluie sur le toit métallique du marché. Une pluie qui va durer. Je profite pour aller me chercher un bao zi. Je retourne dans ma chambre et je comprends pourquoi son prix était si bas - il n'y a rien à l'intérieur. Je ne peux pas commencer la journée avec une telle déception. Vers 10h je pars pour un deuxième petit-déjeuner. Des petits cakes moelleux qui fondent dans la bouche, accompagnés d'un verre de lait. Je suis enfin prêt et je quitte mon abri sous une légère pluie.
C'est la fin d'une histoire d'amour. Je brise le triangle amoureux dans lequel moi, Günther et la G323 vivions depuis plus de 700km. Nous avons eu nos bons et mauvais moments ensemble, et nous nous quittons sans regrets.
La pluie s'arrête définitivement en début d'après-midi et Günther retrouve son aspect sale. Nous avançons merveilleusement bien dans le plat de la vallée. Les beaux paysages d'hier deviennent mon terrain de jeu aujourd'hui. Je fais une première pause au réservoir Hulushou emménagé en parc pour les habitants de la petite ville à côté. Malgré le début difficile je réalise une belle étape.
Joli pont
Réservoir Hulushan
Réservoir Hulushan

Jour 7

La journée commence avec un petit-déjeuner chinois - une soupe de nouilles. Je ne résiste pas et je finis avec de petits gâteaux. Un beau soleil caresse les plaines. Si votre couleur préférée est le vert, vous adoreriez le Guangxi. Je perds une heure à sortir de la grande ville Rongshui, même avec le GPS. Je quitte le plat agréable et j'entame une épuisante montée. Un camion se colle derrière moi. Il brûle des tonnes de gasoil, et moi, des kilocalories. Je roule à 9,2km/h, lui - 9,3. Mon avance fond comme de la neige au mois de janvier, imperceptiblement mais inévitablement. Après 4km de course, je pends de l'avance, je sens le goût de la victoire, quand soudain jentends le bruit d'une boîte de vitesse en souffrance et le rugissement du moteur. Il réapparaît dans mon rétroviseur et quelques secondes plus tard me dépasse comme si j'étais à l'arrêt. Cela se passe à 3 virages du sommet du col et ainsi le camion empoche tous les points pour le classement des grimpeurs me laissant un sourire et un nuage carbonique. Je tente de le rattraper dans la descente mais elle n'est pas assez raide pour me donner un avantage. Je ne le croise qu'une heure plus tard alors qu'il est en train de se faire décharger. Après 40km de difficultés, la route glisse telle un serpent goudronneux dans une vallée et le calme s'instaure. Le croissant, il a la forme d'un pain au chocolat, apparaît dans le ciel et il est temps de m'arrêter.

Jour 8

Le matin est très frais et certains le trouveront même froid. Je suis à 70km de mon objectif - Guili. Deux grosses montées m'en séparent. Le soleil se lève de plus en plus haut et me réchauffe agréablement. La dernière descentes avant de retourner sur le plat est extraordinaire.
La ville est immense, pour arriver au centre-ville il faut compter 25km, et elle n'arrête pas de s'étendre. Je suis en Chine depuis 13 jours et il est temps de s'occuper de la suite du voyage - l'extension du visa. Malgré la foule au poste, nous ne sommes qu'une dizaine au service des visas. J'attends patiemment que mon numéro s'affiche. Pour la paperasse, aucun souci, ils ont besoin d'une photo et une photocopie du passeport. J'explique mon cas et que j'ai besoin de 20 jours supplémentaires. Impossible ! Le nouveau visa ne peut pas dépasser la durée du visa initial - 15 jours. À peine ce premier coup encaissé, le deuxième arrive inattendu. Le nouveau visa sera délivré dans 7 jours ouvrés (9 jours en tout). Je récolte les fruits pourris de ma fainéantise et peur à Hanoï. Il faut trouver un plan de secours. Après 1 heure de calculs arithmétiques et trigonométriques, le plan est en place. Plus de détails au prochain épisode.
Montagnes vertes
La vallée
Pagode du Soleil et de la Lune
Toujours dans les montagnes
Encore des montagnes
Le lac
Selfie time
Chapelle au sommet
Le canal de Bama
Préparation du dîner
Place Wei Baqun
Place Wei Baqun
Bao Zi
Gâteau rose
Pain sucré
Tofu aux légumes
Réservoir Hulushan
Village


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