"Corée du Sud" : les pistes cyclables

Pusan, Corée du Sud 0

Jour 1

Avant de me lancer sur les pistes cyclables je fais un détour pour visiter la ville de Suwon à 45km au sud de Séoul. L'ancienne capitale est célèbre avec ses remparts étant d'origine. Aujourd'hui est un jour férié et l'ancienne ville est animée. J'assiste à un spectacle de guerriers de jadis : archers, lanceurs de javelots, samouraïs en baskets. Je roule un peu au hasard dans la ville fortifiée et je profite du beau temps. Je remarque une chose intéressante, le nombre d'églises, toutes avec une architecture fortement inspirée du jeu Tetris.
Suwon
Suwon
Samouraï en baskets
Suwon
Pour retrouver la piste de la rivière Han je dois remonter vers le nord. La route est très fréquentée mais rien de nouveau pour moi. Au contraire, une route cyclable serait quelque chose de nouveau. Enfin Günther pose ses pneus sur la voie cyclable. Très vite j'arrive à un endroit où plusieurs rivières mélangent leurs eaux. Mon plan indique qu'il faut suivre la Namhangang ce que font aussi tous les autres cyclistes. Des centaines, pour ne pas dire des milliers, d'enthousiastes balaient la route aujourd'hui, libérés de leurs obligations quotidiennes. Pour la première fois de ma vie je vois un vélo tunnel. Au total une demi-douzaine facilitent la circulation le long de la rivière.
La rivière Han
La piste cyclable 
Vélo tunnel 
Le soleil commence à tomber vers l'horizon ce qui me rappelle qu'il faut trouver un endroit pour camper. Tous les 5 kilomètres il y a une aire de repos avec tout ce qui est nécessaire pour une nuit dans la tente. Seul bémol, je ne sais pas si c'est autorisé. Je rencontre 2 vieux loups, un instituteur à 1 an de la retraite et son ami qui goûte déjà au bonheur. L'instituteur parle un bon anglais et semble vouloir m'aider, mais il n'est pas trop sûr pour les règles du bivouac. On s'arrête dans un restaurant pour dîner et attendre la tombée de la nuit. Ils commande un suntubu, des haricots cuits puis mixés, puis recomposés. Ça n'a pas l'air appétissant, on dirait des haricots mal digérés et vomis. Pour le goût c'est pareil, très fade. Une fois ajoutée une sauce pimentée le plat retrouve du goût. Alors que je suis en train d'avaler mon dîner, Kim passe un coup de téléphone. Il raccroche et m'annonce que la police arrivera bientôt !?? Ils me trouveront un endroit pour camper en tranquillité. Les flics se pointent comme prévu, prennent mes coordonnées et attendent la fin du repas. Kim insiste à payer le dîner sous prétexte de vouloir me laisser une bonne impression des coréens.
La route n'est pas longues, seulement à 100m du restaurant, un terrain municipal m'est réservé. Je trouve un coin confortable et discret ; j'ai même accès aux sanitaires. Je suis prêt, je m'allonge et mon dos touche le sol dur. Mon matelas auto gonflant devient auto dégonflant. Ma frontale s'éteint après un dernier faisceau lumineux. Finalement je ne suis pas aussi prêt que je le pensais. Je laisse tous ces problèmes pour demain.
Kim et son pote

Jour 2

Mon matelas est percé trop bizarrement sur le côté dessus, après 6 mois de non-utilisation. Le trou est proche de la valve mais je tente d'y coller une rustine. On verra le résultat ce soir.
Les fêtes finies, les coréens retournent à leurs occupations et me laissent la piste cyclable à moi tout seul. Aujourd'hui elle change de gueule. Hier elle était plus moderne, aujourd'hui elle est plus verte. Je vois beaucoup d'aires de camping, ce que je cherchais hier. Il fallait continuer encore 10km. Je me force à rouler moins vite, sinon je vais arriver au Japon à la fin de la semaine. Suivre la piste cyclable est un jeu d'enfant malgré les nombreuses intersections. On a mis en place un énorme réseau de pistes et on peut aller pratiquement partout à vélo. À Séoul les pistes cyclables étaient impraticables, passant généralement sur le trottoir au milieu des piétons, terrasses des cafés et commerces envahissants. Ici, c'est une autre histoire. Jugez par les photos.
Je trouve une aire de camping, l'endroit n'est pas discret mais je ne risque pas grand chose le long de la vélo route, surtout en Corée du Sud.
Namhangang
Église 
La piste fleurie 

Jour 3

Après quelques heures seulement j'arrive au bout de la piste Namhangang. Je commence la deuxième partie du parcours, jugée difficile par le site officiel, avec des passages montagneux. Ce n'est plus une piste cyclable mais plutôt une voie partagée sur une route peu fréquentée. La signalisation est parfaite ce qui m'évite de regarder le GPS toutes les 10 minutes. Une première montée cache le village touristique Suanbo, célèbre avec sa source minérale à 54°C qui soigne rhumatisme, gastroentérite, etc. Si vous n'avez pas le budget pour vous permettre un hôtel avec spa, vous pouvez toujours tremper les pieds dans une mini piscine en compagnie des mamies octogénaires.
La deuxième montée est plus longue mais rien que je n'ai déjà vu.
Le camping sauvage en Corée n'est pas vraiment sauvage. Les coréens sont fans de la tente et le sac de couchage, et il est facile de trouver une aire de camping. Comme c'est gratuit il ne faut pas espérer trouver une douche et de l'eau chaude. Il y a  l'essentiel : des toilettes et un lavabo. Ce soir j'ai 2 voisins coréens venus en voiture pour une nuit de solitude.
Passage montagneux 

Jour 4

Ce matin je traîne en attendant que ma tente sèche. Je profite pour aller à l'église du coin pour recharger mes appareils électriques. Je suis étonné par la présence quasi obligatoire d'une église dans chaque village. Je découvre une nouvelle activité ludique, "Tirer sur les touristes qui passent dans les champs", telle aurait été la traduction de Google.
Une troisième difficulté m'attend aujourd'hui. Cette fois-ci ce n'est pas la distance, mais la pente qui fatigue les cyclistes. J'en ai rarement vu à plus de 25% sur 300m. Ils pouvaient mettre des escaliers à la place. J'arrive à peine à pousser, le compteur n'affiche même pas la vitesse tellement elle est imperceptible. Je suis même obligé de pousser dans la descente. En haut de la colline se trouve le musée de Sangju avec un joli parc. Le gars de l'Office du Tourisme me voit et me fait signe de m'arrêter. Il voit des cyclistes passer toute la journée mais rarement chargés comme moi. Il m'invite dans le bureau et m'offre un café et des fruits secs. En contrepartie je dois répondre à toutes ses questions.
Je continue ma descente jusqu'à la rivière Nakdonggong où commence la 3ème et dernière partie du parcours. La piste est de retour et elle glisse agréablement le long de la rivière. J'ouvre les yeux pour une aire de camping dès 15h. Je suis toujours dans une optique de freinage afin de passer plus de temps en Corée. Dans la zone, une digue, le camping est explicitement interdit sur les rives alors je continue jusqu'à un parc de sport. L'endroit a l'air abandonné. À côté du terrain de foot je trouve les décombres des vestiaires. Les douches marchent, et je ne remarque même pas que l'eau est froide. Pour faire les courses je dois aller en ville, sur l'autre rive. Le menu du soir : Thon pêché dans les eaux d'une conserve, sur un lit de tomates cerises cueillies dans une barquette et maïs cultivé dans une boîte en métal.
De retour au camping je retrouve 3 cyclistes à ma table, en train de picoler. Ils m'invitent à partager leur poulet et quelques shots de bière. Ils boivent la bière mélangée au soju, un alcool coréen à base de riz ou de blé, qui n'a aucun goût. C'est juste une histoire de picoler. J'offre des tomates cerises et des bananes. La nuit tombée, ils s'en vont me laissant seul à monter ma tente.
Tuer les touristes 
Le parc du musée 
Nakdonggong
Afterwork

Jour 5

Aujourd'hui la piste cyclable m'emmène jusqu'à Daegu, qui se prononce avec un "T". La ville en soi n'a rien d'intéressant. Je perds quelques heures dans un grand parc autour d'une colline au centre-ville. Les retraités profitent de la belle journée pour se promener ou jouer à leur jeu préféré.
Je trouve un marché et je suis attiré par un stand gâteaux. Je choisis au hasard. Ça ressemble à des perles de coco avec une confiture aux haricots rouges. C'est pas tres sucré mais j'aime la texture. Après vérification, cela porte le nom "hoppang".
Je retourne sur ma piste à la recherche d'un endroit où passer la nuit. J'avance sur une digue et le camping est formellement interdit. Je décide de changer de rive. De l'autre côté le profil est très escarpé mais la chance me sourit. Devant un site touristique une belle pelouse ne demande que d'être patounée. Je demande au gardien et il se charge même de me trouver le meilleur emplacement. Il me dit qu'il n'y a ni magasin, ni restaurant dans le coin. C'est le ramadan. Heureusement qu'il me reste une pomme de ce midi. Après avoir installé la tente, le gardien m'invite dans sa loge et m'offre une boîte de nouilles. J'ai même droit à un café à la fin. Ma discussion n'est pas évidente mais j'apprends qu'il a 80 ans, il en fait 20 de moins. Il me dévoile le secret de sa longévité et vivacité - le sport, surtout la course à pied. Il surveille les écrans de contrôle et ne dort que 3h par nuit. Moi, j'ai besoin de sommeil.
L'arche de Daegu
Le parc Duryu
Le parc Duryu
Joueurs

Jour 6

Le lieu touristique en question est une ancienne école de Confucianisme, une des plus importantes en Corée. Elle a été construite au 16ème siècle puis incendiée, détruite et reconstruite à plusieurs reprises. J'ai droit à une visite le matin. Je croise même 3 personnes qui en sortent. Étant pistonnés, ils ont passé la nuit à l'intérieur alors que je combattais les irrégularités du terrain.
Je reprends la route avec une seule idée en tête, trouver un petit-déjeuner. Seulement après 5km je tombe sur une aire de camping gigantesque. Le destin fait souvent ce genre de blagues.
Les kilomètres passent et pas un seul commerce. En attendant, je prends ce que la nature m'offre - des mûres. Sur un plan je repère la présence d'un camping à 50km. Après quelques improbables montées j'arrive dans une grande ville, à 5km du but. J'ai quelques heures à tuer devant moi. Je passe devant une salon de coiffure et je fais ce que je devais faire il y a bien longtemps. Le prix est acceptable - 8€. Alors que la coiffeuse termine le chantier, une dame livre le déjeuner. Je demande de quel restaurant cela vient et au lieu d'une réponse je reçois une invitation. La coiffeuse et sa collègue se partagent un bol de nouilles et m'offrent le deuxième. Dans ma soupe il y a quelques chose d'inhabituel - des glaçons. Une soupe de nouilles froide avec du gingembre et des concombres et un peu de wasabi joliment déposé sur les rebords du bol. C'est délicieux et rafraîchissant. J'ai droit même à un dessert - des minis yaourts à boire et un café. Je suis gâté.
Je m'installe dans la cour d'une église profitant du Wi-Fi gratuit. Le pasteur m'apprend que c'est une église protestante et qu'il y a environ 20% de chrétiens en Corée. Il parle un bon anglais comme beaucoup de gens que je croise. Il m'offre le goûter.
Cette fois je prends quelques provisions avant d'aller au camping. Je trouve l'endroit comme prévu mais les coréens l'ont envahi tels de petites fourmis. C'est également payant - 11€. Le camping affiche complet ce samedi soir. Pour tous ceux qui n'ont pas réservé, le pont à côté offre un abri. "Sous le pont...", ce faux refrain tourne en boucle dans ma tête. J'espère qu'un joir je ne terminerais pas comme ça, qui sait.
Jungjeong-dang
Manuel confucéen
Sous le pont 

Jour 7

Je me réveille avec le bruit des camions qui passent à 10m au-dessus de ma tete. Ce n'est certainement pas le meilleur réveil de ma vie. Une journée grise aux alentours de Busan, mais les sportifs de dimanche sont là. Je croise un américain qui roule dans l'autre sens. Parti en mode sac à dos, il s'est converti au cyclisme au Japon. Ça me fait rigoler quand il me dit qu'il a passé la nuit dernière sous un pont. Nous échangeons nos impressions respectives et quelques informations bien utiles, et chacun repart de son côté.
J'arrive à Busan sous une pluie douce et pas insistante. Je file directement au port pour vérifier la situation avec le bateau. Les départs sont quotidiens et j'ai même la possibilité de partir tout de suite. J'hésite mais finalement je décide de passer une dernière nuit en Corée du Sud. J'espère qu'elle ne sera pas très pluvieuse.
À l'Office du Tourisme j'obtiens l'emplacement d'un site de camping. Il se trouve sur une colline et la montée n'est pas facile. Même en poussant j'ai du mal. J'arrive dans un village touristique mais le camping est "fermé", mais j'ai accès au site à une fontaine. Je me trouve un super emplacement sous un abri, même Günther restera au sec. Le décor est magnifique, rien à voir avec l'horreur d'hier. La pluie revient doucement ce qui me réjouit encore plus. Le bruit des gouttes est tellement agréable. Je m'endors comme un bébé dans mon sac de couchage.
Vers Busan

Jour 8

Le matin je découvre le parc à la lumière du jour. C'est très beau. Dès 5h du matin de vieux randonneurs insomniaques parcourent les sentiers du parc. Je les entends s'amuser avec l'écho de la montagne.
Je descends de la montagne vers le centre-ville de Busan. Je me promène sans aucun but. La ville se réveille petit à petit ; les écoliers courent pour ne pas être en retard ; des mecs en costard prennent leur café Starbucks ; les commerçants préparent les boutiques. Je trouve un spot Wi-Fi pour planifier mon trajet au Japon. Je découvre un itinéraire vélo de Fukuoka à Tokyo, pile ce qu'il me fallait. Ce n'est pas une piste cyclable mais c'est un itinéraire prévu pour la découverte du Japon.
Après un dernier repas coréen, dans un restaurant buffet à volonté, je retourne difficilement au port. Je suis calé pour au moins 1 semaine. On appelle les passagers à l'enregistrement. C'est fou le délai entre l'enregistrement, l'embarquement et le départ, au total 4 heures. C'est pire qu'à l'aéroport. Il est temps d'embarquer sur le bateau pour une nuit de voyage. Demain matin je pourrai lancer mon premier "konnichiwa".
Sous l'abri 
Busan le matin 
Busan l'après-midi
Suwon
Suwon
Église moche
Guerrier coréen
La piste cyclable
Rocher gravé
La piste
Nanochute d'eau
Passage montagneux
Musée de Sangju
Musée de Sangju
Maisons traditionnelles 
Le parc du musée 
Le parc Duryu
Daegu
Hoppang
Tour de télévision 
Académie de Confucianisme
Porte Hwanju
Le parc
Busan le matin
Pont suspendu 


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